Covid-19 #LesChercheursMobilisés

Depuis plusieurs semaines, le quotidien des chercheurs est comme notre quotidien à tous : complètement bouleversé. Laboratoires fermés, projets à l’arrêt… Les conséquences de la crise Covid-19 les frappent, eux aussi, de plein fouet.
Mais ils sont également très nombreux à être directement sur le front de ce combat, mobilisés chaque jour.
Retour à l'hôpital pour renforcer les équipes de soignants, prêt de matériel, confection de litres de gel hydroalcoolique ou de visières de protection grâce à leurs imprimantes 3D, changement temporaire du champ de leurs recherches… #LesChercheursMobilisés témoignent.

Le temps que durera la crise sanitaire, la FRM recueillera et publiera leurs récits.

#1

« Depuis le début du confinement, l’Institut Cochin mobilise ses compétences, ses locaux, ses matériels pour soutenir l’action des services hospitaliers de l’Hôpital Cochin et plus largement de l'AP-HP.


C’est ainsi que, répondant aux besoins urgents, nous avons collecté des centaines d’équipements de protection individuelle (masques, blouses, surchausses), préparé des dizaines de litres de solution hydro-alcoolique, mobilisé des pousse-seringues pour le Service de Réanimation en surchauffe et plus récemment participé à la construction par imprimante 3D de dizaines d’écrans transparents de protection pour les soignants.

Nous avons réquisitionné un de nos laboratoires de confinement L2 pour permettre au Centre de Ressources Biologiques (CRB) de l’Hôpital de traiter, dans des conditions de sécurité adaptées, des centaines de prélèvements de patients COVID+ pour le suivi des essais cliniques en cours.

Chercheurs, ingénieurs, techniciens se sont portés volontaires par dizaines pour participer à ces actions solidaires locales et répondre en outre à des appels lancés par d’autres sites hospitaliers sur Paris (à l’Hôpital Bichat notamment).

Enfin, plusieurs équipes de l’Institut Cochin ont lancé très récemment des projets de recherche sur Covid-19 : ces projets, menés en étroite collaboration avec les Services hospitaliers de l’Hôpital Cochin / APHP ont pour objectif le développement de nouveaux outils diagnostiques, pronostiques ou thérapeutiques, le suivi des réponses immunitaires et l’identification de marqueurs de réponse aux traitements. 


Même si la pandémie Covid-19 a surpris par sa violence et sa rapidité de propagation, ensemble, nous gagnerons ! »

Pierre-Olivier Couraud, Directeur de l'Institut Cochin


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« Je suis Anne Giersch, Directeur de Recherche à l’INSERM et Directeur d’une Unité qui s’intéresse à la physiopathologie de la schizophrénie. D’habitude je m’intéresse à la fragmentation temporelle de la pensée de patients. Pour eux, la continuité du temps ne semble pas être l’évidence qu’elle est pour nous. C’est un sujet plutôt abstrait. Mais le 16 mars à 14h00 c’est le début du confinement et tout change.

Je ferme le laboratoire, les étudiants sont partis avec leur ordinateur sous le bras.

Le 17, Sohee Park, de Nashville, confinée en même temps que nous, m’envoie un questionnaire qu’elle compte utiliser pour explorer les effets psychologiques du confinement. Je pense que c’est intéressant, mais je me dis que ça ne va pas permettre de capturer toutes les émotions qui nous traversent au début du confinement, ni la façon dont on va progressivement s’adapter à ces conditions nouvelles.

Le 18 au matin, c’est évident. Il faut demander aux participants de rédiger 10 lignes par jour pour décrire leur expérience quotidienne, leurs impressions. Je ne suis pas spécialiste de l’analyse des narrations, mais il y en a dans le laboratoire. Il faut aller vite, parce que je pense que c’est au début du confinement que les impressions sont les plus fortes. En quelques heures on monte un projet avec Mélissa Allé, post-doctorante dans le laboratoire, et Amaury Mengin, qui est psychiatre. Je contacte les membres du comité d’éthique de l’Université de Strasbourg, et ils réagissent tout de suite. Je rédige un protocole en 24h00, que je modifie au fur et à mesure de leurs retours.

On a l’accord du comité d’éthique pour lancer l’étude le 19 au soir, et les premiers mails d’annonce partent. Suivent huit jours de réponses mail non stop. Le 26 mars, 200 participants sont inclus. Nous sommes déjà loin du début du confinement, nous arrêtons les inclusions. Je me rends compte que j’ai tout oublié, que je me suis mise à mettre des questionnaires en ligne, et je plonge dans la littérature des années 60 sur le confinement en sous-marin… »

#4

« Je suis Nicolas Primas,  enseignant-chercheur en Chimie organique/thérapeutique au sein de la faculté de pharmacie d’Aix-Marseille Université et également Pharmacien Sapeur-Pompier Volontaire au sein de la pharmacie départementale du Service d’Incendie et de Secours des Bouches du Rhône (SDIS13).

Pour faire face à la pénurie en gel hydro-alcoolique pour la désinfection des mains, le Service de Santé et de Secours Médical (SSSM) du SDIS13 souhaitait produire de la solution hydro-alcoolique (SHA) conformément à l’arrêté du 13 mars 2020 qui reprend la formule recommandée par l’OMS.

J’ai donc proposé au médecin-chef Robert Traversa et à la gérante de la pharmacie départementale Anne Talpain de réaliser ces solutions à la faculté de pharmacie de Marseille avec l’accord du Doyen Françoise Dignat-George.

Ainsi, 1600 L de SHA ont ainsi pu être préparés pour les centres de secours du SDIS13, mais aussi pour le Bataillon des Marins Pompiers de Marseille et à destination des collectivités locales. »


Nicolas Primas,  enseignant-chercheur et Pharmacien Sapeur Pompier Volontaire

#5

« Le Covid-19 est responsable d’une crise sanitaire mondiale sans précédent, et a frappé au début même de mon doctorat. Ayant eu une certaine expérience en médecine intensive durant mon internat, j’ai été vite mobilisé au « front » en service de réanimation, et ai dû laisser de côté les projets de recherche pour lesquels j’avais obtenu la précieuse aide financière de la Fondation pour la Recherche Médicale.

Cette crise a bouleversé le monde de la recherche en l’espace de quelques jours. Bouleversé mais pas figé, ni même freiné : la société a plus que jamais besoin de nous, médecins et chercheurs, pour prendre soin de nos concitoyens, et trouver des remèdes à travers une nouvelle percée scientifique. A chaque fois que le monde a fait face à une menace sanitaire de cette ampleur, la science a répondu présente.

C’est pour cela que notre laboratoire, orienté habituellement sur l’étude des mécanismes physiopathologiques des maladies rénales et vasculaires, au Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris, a comme beaucoup d’autres pris à bras le corps la mission de développer de nouveaux traitements contre le Covid-19. Notre équipe est investigatrice d’essais thérapeutiques multiples au sein d’une cohorte multicentrique de patients infectés par le SARS-COV-2, dans des formes sévères ou critiques. Les traitements à l’étude ciblent certains facteurs pro-inflammatoires exprimés de façon importante dans cette maladie, probablement en partie responsables de sa sévérité chez certains patients, et les premiers retours du terrain sont plutôt encourageants tant sur leur efficacité que sur leur innocuité. Les principales missions de notre consortium, multidisciplinaire, sont premièrement d’analyser les résultats cliniques à court terme chez ces patients, et deuxièmement de mieux caractériser au laboratoire les réponses immunitaires mises en jeu afin d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.

Cette guerre a deux fronts, au lit du malade, et sur la paillasse ! Dans ma jeune carrière, je n’ai jamais autant rencontré la fatalité, ni vu autant de détresse, ni essuyé tant de sueurs et parfois de larmes … Mais cette fois encore, nous allons en ressortir plus forts. Vous avez besoin de nous, mais plus que jamais, nous avons besoin de vous, j’en profite aussi pour remercier chacun de nos donateurs, qui nous permettent encore une fois de faire avancer la recherche. »

Julien Dang, médecin néphrologue,
Etudiant en première année de doctorat en sciences, spécialité Biologie Cellulaire Moléculaire, Physiologie et Physiopathologie
INSERM U970 – Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris, Hôpital Européen Georges Pompidou

#6

« Depuis plus d'un an, mon projet de recherche est financé par la FRM, ce qui me permet de travailler sur une bactérie pathogène, Francisella tularensis, responsable de la tularémie. De plus, cette bactérie est classée comme agent potentiel de bioterrorisme, en raison de sa grande virulence. Dès le 15 mars au soir, nous avons été informés par notre hiérarchie, l'INSERM, que notre laboratoire allait fermer ses portes dès le lendemain. Nous nous sommes donc organisés rapidement pour clôturer les expérimentations urgentes en cours, et pour laisser la place pour une équipe travaillant sur l'élaboration de test diagnostiques pour le Covid-19. Depuis lors, notre activité de chercheurs est maintenue en télétravail, en réalisant des travaux de bibliographie et de traitement des données. Nous suivons avec attention tous les mails d'informations qui nous parviennent, ainsi que toutes les demandes de soutien provenant des hôpitaux. Notre directeur de laboratoire a déjà effectué des visites ponctuelles au laboratoire afin de récupérer des fournitures à donner aux hôpitaux, comme des surblouses et des gants. 

Les membres de notre équipe, moi y compris, sommes volontaires pour aider les chercheurs sur la thématique du Covid-19. En conséquence, nous sommes inscrit sur la plateforme Crownfight Covid-19, et nous recevons régulièrement des propositions de taches à faire pour aider les chercheurs directement impliqués. Nos compétences ne nous permettent pas de travailler directement dans les laboratoires viraux, mais nous apportons notre soutien par des taches subalternes comme des revues bibliographiques sur un sujet donné, ou le traitement et la mise en forme de données obtenues par les chercheurs. 

En l'absence d'informations concernant le déconfinement, nous continuons jours après jours à améliorer nos compétences et à développer nos projet au mieux, de façon à être opérationnels immédiatement à notre retour au laboratoire. »

 

Gabrielle GAY, post doctorante dans l'équipe du Dr. Thomas HENRY, CIRI, LYON

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Dans le cadre de la pandémie Covid-19, nous avons lancé un projet visant à mieux comprendre les problèmes liés à la coagulation du sang (perturbation de l’hémostase, thrombose) fréquemment observés chez les cas sévères de Covid-19, une étape indispensable pour une meilleure prise en charge de ces patients. Nous étudions notamment la contribution des plaquettes sanguines au processus thrombo-inflammatoire qui caractérise les formes graves de cette maladie infectieuse. Ce travail implique le service de réanimation et le laboratoire d’hématologie du CHU Toulouse.

B. Payrastre et collaborateurs,
Inserm UMR 1048 (I2MC), Equipe FRM, et CHU de Toulouse (Hémostase Cardiovasculaire)
se mobilisent pour étudier les mécanismes conduisant
aux complications thrombotiques des patients Covid-19

#9

Je suis interne en médecine. J'ai effectué une année recherche l'année dernière (master 2 financé par la FRM sur les maladies cardiaques héréditaires). Je suis Nantais, actuellement en stage clinique inter-CHU à l'hôpital en Nancy en électrophysiologie cardiaque (Novembre 2019 à mai 2020).
Bien sûr dans l'Est le fonctionnement de l'hôpital a été complètement modifié par les évènements.
D'un point de vue pratique à l'hôpital de Nancy il a été improvisé de nombreux services s'occupant spécifiquement des malades atteints du Covid-19. Ainsi pour les patients graves des  services de réanimation ont été "créés" à la place des services d'unité de soins intensifs cardiaques, soins intensifs pneumologiques, unité de soins continus, et réanimations chirurgicales. Pour les autres patients de nombreux secteurs sont également dédiés aux patients Covid (pneumologie, infectiologie, rhumatologie, cardiologie, etc..). Ainsi chaque secteur de spécialisation a diminué toute activité aux seuls examens jugés "urgents à court terme". Pour le reste, toutes les interventions - chirurgies- bilans diagnostics - réévaluations programmées ont été repoussés. Chacun participe donc à la gestion de ces services en fonction de ses compétences.
Grâce à la participation et la volonté de chacun, j'ai le sentiment que les malades sont malgré l'afflux tout de même bien pris en charge. On craint les difficultés au sortir de cette crise avec une interrogation sur la durée de la convalescence après l'atteinte du virus, et les séquelles des atteintes graves respiratoires. Il faudra également prendre en compte tous les examens chez les "non Covid" qui n'ont pas pu être réalisés pendant la crise. Bien sûr il faudra rattraper tout cela, mais en aurons-nous les moyens ?


Damien Minois

#10
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La pandémie Covid-19 a considérablement impacté l’activité de Recherches en France notamment les laboratoires ne travaillant pas dans le domaine des maladies infectieuses. Ceux-ci ont dû ralentir voire stopper leurs activités recherches à la suite des mesures de confinement et réinventer une façon de travailler au regard de la situation actuelle. Travailler tout en participant à l’élan national de solidarité dans la lutte contre le virus, c’est une orientation prise par le Centre de Recherches sur la Cognition Animale – Centre de Biologie Intégrative (CRCA, CNRS UMR5169) de l’Université de Toulouse depuis plusieurs semaines. En effet, les chercheurs, ingénieurs, techniciens ou personnels administratifs du laboratoire se mobilisent quotidiennement à travers différentes initiatives visant notamment à aider les hôpitaux Toulousains face à la pénurie de matériel et d’équipements de protection (dons de stocks de gants, masques et solutions hydro-alcooliques) mais aussi aux consommables nécessaires à la mise en place des tests de diagnostic par PCR. Par ailleurs, certains chercheurs du CRCA, en collaboration avec des collègues espagnols et allemands, ont été à l’initiative de la création de la plateforme « CrowdfightCOVID-19 ». Lancée le 18 mars 2020, cette plateforme propose de coordonner les demandes de scientifiques travaillant sur le Covid-19 et les compétences de volontaires (toutes disciplines confondues) disposés à mettre leurs temps et expertise au profit de la lutte contre le Covid-19. Plus de 44 000 volontaires sont déjà inscrits et plusieurs dizaines de requêtes ont été soumises, dont certaines ont déjà été traitées avec succès. Les aides proposées couvrent de nombreux domaines d'expertises allant de la traduction de documents techniques, l’analyse d’images ou de données expérimentales en rapport avec des études portant sur le Covid-19 jusqu’au développement de nouvelles techniques. Ces exemples illustrent la volonté de la communauté scientifique de se rendre utile, de partager sa créativité et ainsi participer à la mobilisation civique.

 

 Pr. Bruno Guiard
Université Toulouse 3
CRCA-CBI (CNRS UMR516

 


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Notre Unité participe à la création et construction de visières de protection pour le personnel soignant à l’aide d’imprimantes 3D. Bertrand Tavitian, PUPH et chef d’équipe au PARCC, a réalisé le premier prototype avec l’aide de son imprimante 3D du laboratoire et de plans du Dr JP Attal, de la faculté de Chirurgie Dentaire Paris 5/Université de Paris.

Il a équipé en quelques jours le service des urgences de l’HEGP et a contribué à convaincre l’AP-HP d'acheter de nombreuses imprimantes 3D sur ses sites en Ile-de-France.

Aujourd’hui nous avons une ferme de 7 imprimantes 3D dans le laboratoire qui tourne jour et nuit et cet ensemble et l’ensemble des imprimantes achetées dans ce consortium produit 2000 visières de protections réutilisables par semaine !

Chantal Boulanger, Directrice du PARCC (Paris Centre de Recherche Cardiovasculaire)

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Les laboratoires de l'Equipe Chimie des Polymères (ECP) sont actuellement fermés et chacun des membres de l'équipe s'adapte au mieux pour continuer la recherche en télétravail depuis son domicile : rédaction de thèse anticipée pour les doctorants, rédaction de publications et de reviews, maintien des enseignements à distance, etc.

Malgré le confinement, des volontaires de chacune des équipes de l'Institut Parisien de Chimie Moléculaire ont pris l'initiative de se rendre dans les locaux le 26 mars dernier, en prenant toutes les précautions nécessaires, pour faire l'inventaire des stocks de matériel pouvant être utile aux soignants et leur en faire don. L'équipe Chimie des Polymères a fait don de 90 boîtes de gants aux hôpitaux de Paris.

 

Au total, au sein de l'IPCM, ce sont :

  • 379 boîtes de gants,
  • 60 masques FFP2,
  • plusieurs litres de gel hydroalcoolique préparés sur place

qui ont été rassemblés et dont l'équipe a pu faire don à l'AP-HP via la démarche proposée par Sorbonne Université. 

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Le 16 Mars 2020, nous avons passé la journée à ranger le laboratoire pour le fermer en urgence. Très vite, au niveau de l’Institut Cochin, nous avons aidé à collecter et donner des équipements de protection pour l’hôpital.

Ensuite, j’ai aidé une équipe à travailler en milieu confiné L3, que nous connaissons bien pour étudier un autre virus, le VIH-1, afin qu’elle puisse mener ses travaux sur des patients atteints de Covid-19. Depuis le début, nos réunions d’équipe hebdomadaires se continuent à distance et nos discussions sont naturellement focalisées sur cette nouvelle pathologie ! Comme l’équipe combine des chercheurs experts en immunologie, en réponse antivirale et que nous étudions les fonctions des cellules myéloides, nous avons proposé de développer un projet sur les cellules immunes et l’infection à SARS-Cov2 avec d’autres équipes de l’Institut Cochin et le service de pneumologie de l’Hôpital Cochin. Nous avions déjà travaillé ensemble sur les rhinovirus humains.

Nous avons hâte de reprendre notre activité à temps plein ! 


Florence Niedergang
Equipe « Biology of Phagocytes, infection and Immunity » à l'Institut Cochin
Inserm U1016-CNRS UMR8104 - Université de Paris
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Notre laboratoire, l’IPBS-Toulouse s’intéresse à l'identification et la caractérisation de nouvelles cibles thérapeutiques dans les domaines du cancer, de l'infection et de l'inflammation. Céline Cougoule (témoignage vidéo ci-dessus), chargée de recherche au CNRS, au sein de l’équipe d’Etienne Meunier, dont l’amorçage a été soutenu par la FRM, a développé, en collaboration avec les laboratoires de Hans Clevers et Peter Peters aux Pays Bas, un modèle d’organoïde de poumons humains afin d’étudier les interactions hôte-pathogènes, notamment dans le contexte de la tuberculose.

"Un organoïde est une structure multicellulaire tridimensionnelle qui reproduit in vitro la micro-anatomie d'un organe, c'est donc un modèle de l'organe. Dès les premiers jours de la pandémie Covid-19, la plateforme nationale du CNRS ChemBioFrance a réalisé des cribles primaires afin de repositionner des médicaments pour la Covid-19 et sollicité le groupe de travail sur les organoïdes (GT Organoides) afin d’utiliser ces modèles comme outils pré-clinique.

Je coordonne actuellement un projet national qui regroupe des équipes expertes des organoïdes pulmonaires (IPBS-Toulouse, IVPC-Lyon et IRMB-Montpellier) et intestinaux (IRSD-Toulouse), des virologues (IRIM-Montpellier et ENVT-Toulouse) ainsi que les cliniciens du service des maladies infectieuses et tropicales et du centre d’investigation clinique du CHU de Toulouse. Notre objectif est d’évaluer sur les organoïdes infectés par le SARS-CoV-2 la toxicité et l’efficacité anti-virale et anti-nécrotique des molécules sélectionnées seules ou en combinaison. Les molécules les plus efficaces feront l’objet d’essais cliniques.

A ce jour, aucun traitement efficace contre la Covid-19 n’a été identifié. Des essais cliniques récents montrent que l’anakinra, un antagoniste des récepteurs de l'interleukine 1, constituerait une piste prometteuse pour traiter les patients atteints des formes sévères de Covid-19. Malgré tout, il est essentiel que la communauté scientifique reste mobilisée. Nous devons identifier des médicaments capables de bloquer la multiplication du virus et l’inflammation dès les phases précoces de l’infection, ceci afin de contrôler l’évolution vers les formes sévères, et mettre un terme à cette pandémie.

Céline Cougoule 
IPBS-Toulouse. UMR5089 - CNRS/Université Toulouse III-Paul Sabatier

Photo : Section d’un organoïde pulmonaire humain.
Le cytosquelette d’actine est marqué en rouges, les noyaux en vert.
Barre d’échelle = 50 µm 

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