• Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, ou MICI, bénéficient de la découverte récente de pistes thérapeutiques innovantes : des bactéries probiotiques.

  • Nathalie Vergnolle y a contribué grâce à ses travaux sur les protéases, des enzymes dégradant les protéines, qui ont en effet un rôle central dans l’inflammation chez les patients atteints de ces maladies.

  • La chercheuse nous fait partager les dernières avancées de son équipe.

Une interview de Nathalie Vergnolle qui dirige l’équipe « Rôle des protéases et de leurs récepteurs dans les maladies inflammatoires et infectieuses » au sein du Centre de physiopathologie de Toulouse Purpan (Inserm U563).

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45 735 €

Le Conseil scientifique de la Fondation pour la Recherche a accordé en 2007 un financement de 45 735 € à Nathalie Vergnolle pour l’aider à installer son équipe Avenir.

Quel est le lien entre les protéases, que vous étudiez, et les maladies inflammatoires de l’intestin ?

Les protéases sont des enzymes qui découpent les protéines. Elles sont très nombreuses dans la lumière de l’intestin car elles participent à la digestion. Mais, chez les patients atteints de MICI, on en retrouve en quantités importantes à l’intérieur des tissus. On a longtemps pensé qu’elles étaient simplement là pour dégrader les débris cellulaires. Mais ensuite on a découvert qu’elles pouvaient activer des récepteurs spécifiques présents à la surface des cellules intestinales. Un indice qui laissait supposer qu’elles jouaient un rôle plus subtil, en transmettant par ce biais un message aux cellules, probablement un message en lien avec l’inflammation. Cela fait maintenant plusieurs années qu’au laboratoire nous nous penchons sur le rôle de ces messages transmis par les protéases intestinales.
Vous avez donc confirmé le rôle des protéases dans l’inflammation pathologique de l’intestin ?

Vous avez donc confirmé le rôle des protéases dans l’inflammation pathologique de l’intestin ?

Nous avons décortiqué les mécanismes d’action des protéases et de leurs récepteurs, appelés PARs (pour protease-activated receptors). Et, effectivement, nous avons mis en évidence que l’activation de ces récepteurs par les protéases contribue au déclenchement de l’inflammation.

Mais, plus intéressant, nous avons montré que l’inhibition de ce mécanisme pouvait être une option thérapeutique dans les MICI. Des entreprises pharmaceutiques s’attachent d’ailleurs aujourd’hui à développer des molécules capables de se fixer sur les récepteurs PARs pour en bloquer l’accès aux protéases. Un moyen de stopper le message inflammatoire qu’elles transmettent.

Vous espérez aujourd’hui traiter l’inflammation dans les MICI grâce à des bactéries alimentaires. Comment comptez-vous procéder ?

Nous avons identifié un inhibiteur de protéase naturellement produit par les cellules de l’intestin, l’élafine. Une molécule particulièrement intéressante, avec un effet protecteur sur la muqueuse intestinale. Or, elle est pratiquement absente chez les patients atteints de MICI. Nous avons par conséquent imaginé restaurer le niveau d’élafine chez ces patients pour tenter de protéger leur muqueuse intestinale de l’inflammation. L’astuce a été de faire synthétiser l’élafine par des bactéries habituellement présentes dans l’appareil digestif : pour cela, nous avons introduit le gène de l’élafine dans des bactéries lactiques (utilisées dans les produits laitiers). Nous avons ensuite administré ces bactéries modifiées à des souris ayant une inflammation intestinale chronique. Le résultat a été particulièrement convaincant : les bactéries, arrivées dans l’intestin, produisent l’élafine, ce qui entraîne une diminution significative de l’inflammation. Nous espérons passer prochainement à des essais cliniques chez l’homme. Pour demain, peut-être, proposer un simple yaourt pour calmer l’inflammation des patients atteints de MICI !


Source : Motta JP et al. Food-grade bacteria expressing Elafin protect against inflammation and restore colon homeostasis. Sci Transl Med 31 October 2012.

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