Un peu par hasard, au fil de différentes observations. Pour comprendre comment nous avons abordé ce sujet, il faut d’abord rappeler que la molécule d’ADN, qui porte nos gènes, mesure 2 mètres au total dans chaque cellule de notre corps. Associée à des protéines, elle est compactée dans le noyau, à la façon d’un collier de perles enroulé sur lui-même : cette forme compacte s’appelle la chromatine. C’est elle qui constitue les chromosomes. La compaction de la chromatine n’est pas homogène : il existe des zones plus ou moins condensées.
On sait aujourd’hui que la condensation de la chromatine joue un rôle très important, car elle régule l’expression des gènes. Ceux qui sont exprimés (qui donnent des protéines fonctionnelles) se situent dans des régions décondensées. Les régions condensées, au contraire, ne sont pas accessibles et contiennent des gènes inactifs.
Le sujet d’étude de notre équipe est la chromatine et la manière dont elle régule les gènes. Nous nous intéressions en particulier à une protéine, appelée HP1, qui participe à la condensation de la chromatine et à l’inactivation des gènes qu’elle contient. Le point de départ du projet a été une constatation : certains gènes, normalement inactivés par HP1, étaient activés dans les globules blancs de patients atteints de SEP. Cette activation est responsable de l’inflammation pathologique. Nous avons donc émis l’hypothèse que, chez ces patients, un dysfonctionnement de HP1 entraînait une anomalie de condensation de la chromatine ; une décondensation de la chromatine à ce niveau pouvait aboutir à activer ces gènes.