• L’équipe de Christian Muchardt, à l’Institut Pasteur, à Paris, a mis le doigt sur un mécanisme qui pourrait être à l’origine de l’inflammation qui mène à la sclérose en plaques.

  • Ce mécanisme trouve sa source au cœur des cellules, dans la structure même du matériel génétique.

  • Le directeur de recherche revient sur ses travaux et son espoir de bloquer en amont le processus d’inflammation.

Cette découverte a été réalisée par Christian Muchardt et son équipe « régulation épigénétique » à l'Institut pasteur à Paris.

Vos dons en actions
300 000 €

Le Conseil scientifique de la Fondation pour la recherche médicale a attribué le label « Equipe FRM » à l’équipe de Christian Muchardt en 2010 ainsi qu'un financement de 300 000 euros.

Comment vous êtes-vous intéressés à la sclérose en plaques ?

Un peu par hasard, au fil de différentes observations. Pour comprendre comment nous avons abordé ce sujet, il faut d’abord rappeler que la molécule d’ADN, qui porte nos gènes, mesure 2 mètres au total dans chaque cellule de notre corps. Associée à des protéines, elle est compactée dans le noyau, à la façon d’un collier de perles enroulé sur lui-même : cette forme compacte s’appelle la chromatine. C’est elle qui constitue les chromosomes. La compaction de la chromatine n’est pas homogène : il existe des zones plus ou moins condensées. 

On sait aujourd’hui que la condensation de la chromatine joue un rôle très important, car elle régule l’expression des gènes. Ceux qui sont exprimés (qui donnent des protéines fonctionnelles) se situent dans des régions décondensées. Les régions condensées, au contraire, ne sont pas accessibles et contiennent des gènes inactifs.

Le sujet d’étude de notre équipe est la chromatine et la manière dont elle régule les gènes. Nous nous intéressions en particulier à une protéine, appelée HP1, qui participe à la condensation de la chromatine et à l’inactivation des gènes qu’elle contient. Le point de départ du projet a été une constatation : certains gènes, normalement inactivés par HP1, étaient activés dans les globules blancs de patients atteints de SEP. Cette activation est responsable de l’inflammation pathologique. Nous avons donc émis l’hypothèse que, chez ces patients, un dysfonctionnement de HP1 entraînait une anomalie de condensation de la chromatine ; une décondensation de la chromatine à ce niveau pouvait aboutir à activer ces gènes.

Une hypothèse confirmée aujourd’hui ?

Une hypothèse confirmée aujourd’hui ?

Effectivement. En comparant les globules blancs des malades et les membres sains de leur famille, nous avons observé que, chez les malades, la protéine HP1 ne se fixe plus, dans la chromatine, sur ses gènes cibles. Ce qui a pour conséquence de les activer.

Actuellement nous tentons de comprendre pourquoi HP1 ne se fixe plus sur ses gènes habituels. Et nous sommes sur une piste très intéressante : une enzyme qui, en modifiant le site de fixation de HP1 dans la chromatine, l’empêche d’inactiver ces gènes. Cette enzyme est plus abondante chez les patients atteints de SEP. Argument supplémentaire, elle appartient à une famille de protéines surexprimées aussi dans d’autres maladies auto-immunes.

Quelles perspectives ouvrent vos travaux?

Nous aimerions parvenir à bloquer cette enzyme. Nous espérons que cela rétablira le contrôle de HP1 sur les gènes qui mènent à l’inflammation dans la SEP. Par chance, il existe déjà des inhibiteurs connus de l’enzyme en question ; ils sont utilisés expérimentalement dans les laboratoires. Si nous arrivons à prouver leur utilité pour contrer le mécanisme inflammatoire, cela pourrait constituer une piste sérieuse de développement pharmaceutique.

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