Mis à jour le 1 juin 2016

Sclérose en plaques : découverte d’un mécanisme fondamental impliqué dans la remyélinisation

  • La sclérose en plaques est une pathologie liée à la dégradation de la myéline, une gaine qui entoure les fibres nerveuses et est essentielle à la conduction de l’influx nerveux.

  • Pour le moment, il n’existe pas de traitement qui permet de favoriser la réparation de la myéline détruite.

  • Des chercheurs révèlent un mécanisme jusque-là inconnu dans la formation de la myéline et qui pourrait servir de base à de nouvelles pistes thérapeutiques.

Cette découverte a été réalisée par Anne Desmazières et ses collègues dans l’équipe « Mécanismes de myélinisation et de remyélinisation du système nerveux central » à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière) à Paris.

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Anne Desmazières a reçu ce financement de la Fondation pour la Recherche Médicale en 2011 pour la réalisation d’un stage post-doctoral. Cette somme a contribué à l’obtention de ce résultat.

Quelques généralités sur la sclérose en plaques

La sclérose en plaques est une pathologie neurologique qui affecte les jeunes adultes. Cette maladie est fréquente : elle touche environ 80 000 personnes en France. La maladie se traduit par une mauvaise transmission du message nerveux le long des fibres nerveuses, ce qui entraine des symptômes divers, qui peuvent déboucher sur des déficits moteurs et cognitifs graves.

Elle débute dans la majorité des cas par des phases de poussées aux cours desquelles les symptômes apparaissent et s’intensifient, qui alternent avec des phases de rémissions où les symptômes s’atténuent.

Ensuite, la maladie entre souvent dans une phase dite « progressive », dans laquelle les symptômes progressent sans période de rémission.

S’il existe des traitements permettant de réduire la fréquence des poussées au cours de la phase rémittente, aucun n’est efficace à ce jour dans les phases progressives de la pathologie. C’est pour cela que les chercheurs souhaitent trouver de nouveaux moyens de la prendre en charge.

Les nœuds de Ranvier : une structure primordiale

Les nœuds de Ranvier : une structure primordiale

D’un point de vue physiopathologique, la sclérose en plaques est due à la destruction de la gaine de myéline, une membrane qui entoure les fibres nerveuses. Cela perturbe la conduction du message nerveux et entraîne à terme la mort des neurones.

La propagation rapide de l’influx nerveux le long des fibres myélinisées dépend de structures particulières : les nœuds de Ranvier. Ces zones sans myéline, régulièrement espacées le long des fibres nerveuses permettent la régénération et la propagation rapide de l’influx nerveux. Lors des phases de poussées de la sclérose en plaques, ces zones sont altérées par la dégradation de la gaine de myéline, et l’influx nerveux est ralenti, voire stoppé. A l’inverse, lors des phases de rémission, la reformation de la myéline est associée à une réorganisation des nœuds de Ranvier, ce qui permet de rétablir une propagation correcte de l’influx. Les chercheurs, en s’intéressant à la formation de ces nœuds de Ranvier durant le développement du système nerveux, ont récemment mis en évidence un mécanisme qui pourrait participer à la remyélinisation des fibres nerveuses pendant les phases de rémission.

Une activité électrique qui favorise la réparation de la gaine

L’équipe a étudié la formation des nœuds de Ranvier au cours du développement des fibres nerveuses. Ils ont ainsi mis en évidence, au cours des phases précoces de cette formation, qu’un regroupement de protéines spécifiques, les canaux ioniques, peut se produire. Ces protéines génèrent une activité électrique. Des études récentes montrent que l’activité électrique peut entrainer le recrutement de cellules particulières, les oligodendrocytes. Les oligodendrocytes ont un rôle capital, puisqu’ils sont chargés de la synthèse de la myéline. L’activité électrique précoce relayée au niveau des nœuds de Ranvier pourrait donc être une étape importante pour l’initiation de la remyélinisation des fibres nerveuses.

Cette étude pourrait ouvrir une piste intéressante vers de nouvelles stratégies de traitement. En effet, si cette observation se confirme, on peut penser qu’en favorisant l’apparition de protéines-canaux au niveau des nœuds de Ranvier, il pourrait être possible d’améliorer la réparation des gaines de myéline, et ainsi limiter la perte de neurones chez les patients atteints par la sclérose en plaques.

Source : Freeman SA, Desmazières A, Simonnet J et al. Acceleration of conduction velocity linked to clustering of nodal components precedes myelination. Proc Natl Acad Sci U S A. 2015 ; 112 : E321-8.
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