Mis à jour le 1 juin 2014

Sclérose en plaques : découverte de cellules immunitaires qui induisent la mort des neurones

  • La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune du système nerveux central.

  • Le laboratoire du Pr Roland Liblau, à Toulouse, a découvert un nouveau mécanisme à l’origine des lésions de la sclérose en plaques.

  • Grâce à des modèles de souris qui miment la maladie, il a démontré que la destruction des neurones est directement induite par certaines populations du système immunitaire.

Une interview du Pr Roland Liblau, Directeur du Centre de physiopathologie de Toulouse-Purpan et co-responsable de l'équipe "Maladies inflammatoires du système nerveux : mécanismes et traitements"

Vos dons en actions
300 000 €

Ces résultats ont été obtenus grâce au soutien de la Fondation pour la Recherche Médicale.

Son Conseil scientifique a attribué un financement de 300 000 euros en 2009 à l’équipe de Roland Liblau, ainsi que le label « Equipe FRM », un gage d’excellence et d’innovation.

Quelle est l’objectif de votre projet ?

Nous avons pour but de comprendre les mécanismes immunologiques anormaux à l’origine des lésions de la sclérose en plaques (SEP) dans le système nerveux central. On sait déjà qu’un certain type de cellules immunitaires, les lymphocytes T, sont responsables de l’attaque du système nerveux central, provoquant une inflammation pathologique. Mais il existe plusieurs sous-types de lymphocytes T dans l’organisme ; nous voulons identifier ceux qui sont impliqués dans la maladie. Nous développons pour cela des modèles originaux de souris génétiquement modifiées pour reproduire les lésions caractéristiques de la SEP.

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune durant laquelle les cellules du système immunitaire s’attaquent à la myéline (superposition de membranes qui forme une gaine autour des neurones) perturbent la transmission de l’influx nerveux, et induisent la destruction des fibres nerveuses. Pour créer ce modèle animal, nous induisons la réaction d’auto-immunité de manière similaire à celle qui a lieu lors de la maladie humaine. Nous évaluons ensuite quel sous-type de lymphocyte intervient et comment il agit.

Une interview du Pr Roland Liblau, Directeur du Centre de physiopathologie de Toulouse-Purpan et co-responsable de l'équipe "Maladies inflammatoires du système nerveux : mécanismes et traitements"
Avez-vous obtenu des résultats intéressants ?

Avez-vous obtenu des résultats intéressants ?

Oui, car nos souris développent des lésions tout à fait similaires à celles observées très tôt dans la SEP humaine : une destruction importante de la myéline et la mort des neurones.

De plus, nous avons découvert récemment que certains lymphocytes T (appelés CD8), lorsqu’ils pénètrent dans le système nerveux central, peuvent interagir avec les neurones et induire leur mort par apoptose (une mort cellulaire particulière, programmée par la cellule). Nous pensons que les lymphocytes T CD8 peuvent avoir un rôle pathogène semblable dans la SEP chez l’homme.

Dans quelle direction orientez-vous vos futurs travaux ?

Nous nous penchons actuellement sur la manière dont ces lymphocytes T CD8 passent du sang vers le système nerveux central. Une remise en cause d’un dogme classique ! Jusqu’à très récemment, en effet, on croyait que les cellules immunitaires ne pouvaient pas franchir la barrière hématoencéphalique, qui isole le système nerveux central de la circulation sanguine.

Une nouvelle voie thérapeutique pourrait voir le jour si nous comprenons comment ces cellules s’infiltrent. On peut imaginer bloquer ce passage à l’origine du processus inflammatoire et des lésions dans la sclérose en plaques.

Une question qui va bien au-delà de la SEP, d’ailleurs. Car on s’aperçoit aujourd’hui que dans d’autres maladies du cerveau (comme la maladie de Parkinson), les cellules immunitaires ont aussi un rôle pathogène. Nos travaux pourraient contribuer, nous l’espérons, à ouvrir de nouvelles perspectives.

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