Claire Jaffré s’intéresse à une composante qui pourrait servir à cette évaluation : la motivation des patients. La motivation correspond aux processus développés par le cerveau d’une personne afin de déterminer son comportement, soit en termes de direction – par exemple choisir les tâches qu’elle a envie d’accomplir, ou en termes d’intensité – c’est-à-dire la quantité de ressources, ou le temps à consacrer à une tâche. Il s’agit pour l’organe d’optimiser ses ressources afin de tirer le maximum de bénéfices, de « récompenses », en regard des coûts, c’est-à-dire l’énergie ou l’effort dépensé. Ces bénéfices sont parfois immédiats, comme un bon repas, ou plus tardifs, comme un salaire à la fin du mois.
Chez les personnes dépressives, ces processus paraissent dysfonctionner, ce qui explique que certains d’entre eux peinent à effectuer leurs activités quotidiennes. Les chercheurs savent que la motivation est un symptôme prédicteur de l’efficacité de certains antidépresseurs, mais pour le moment, il n’existe pas de moyens d’évaluer précisément l’origine du dysfonctionnement : s’agit-il d’une diminution de la sensibilité aux récompenses ou d’une augmentation de la sensibilité à l’effort ? Les deux mécanismes peuvent coexister chez un même patient. Ces informations sont capitales car des arguments solides semblent indiquer que les bases cérébrales et chimiques de ces processus sont différentes : identifier le type de trouble de la motivation chez les patients atteints de dépression permettrait de cibler l’intervention thérapeutique nécessaire.