Mis à jour le 4 novembre 2013

Addiction et troubles bipolaires : un nouveau mécanisme au cœur des maladies psychiatriques

  • Les troubles bipolaires et les addictions sont des maladies psychiatriques courantes, dont le traitement n’est pas encore optimal.
  • L’apport récent de nouvelles connaissances sur le fonctionnement cérébral ont conduit les chercheurs à s’intéresser aux bases moléculaires de ces pathologies.

  • C’est le projet de Salah el Mestikawy et de son équipe, qui étudient les mécanismes cérébraux impliqués dans les troubles bipolaires et l’addiction afin d’améliorer leur prise en charge.

Cette recherche est menée par Salah El Mestikawy et son équipe au laboratoire "Pathophysiologie des maladies du système nerveux central" à l'Université Pierre et Marie Curie à Paris.

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300 000 €

L’équipe de Salah el Mestikawy a été sélectionnée par le Conseil scientifique de la Fondation pour la recherche médicale en 2013.

Elle a reçu le label « Equipe FRM » et un financement de 300 000 euros sur 3 ans.

Troubles bipolaires et addictions : les liaisons dangereuses

Les troubles bipolaires et l’addiction sont des affections complexes et multifactorielles impliquant des causes génétiques, environnementales et développementales.

La bipolarité est une maladie touchant 3 % de la population française. Elle se caractérise par une alternance de phases dépressives et de phases d’exaltation et d’hyperactivité. L’addiction joue un rôle péjoratif dans ces troubles, majorant les risques de suicide.

Actuellement, aucun traitement n’a été défini dans la prise en charge des patients bipolaires présentant des addictions, bien que cette situation soit relativement fréquente. Les scientifiques souhaitent aujourd’hui se pencher sur ce problème en utilisant des connaissances récemment acquises sur le fonctionnement cérébral.

Le concept du « bilinguisme neuronal »

Le cerveau est composé de millions de neurones communicant sans cesse entre eux via des messagers chimiques, les neurotransmetteurs, tels que la sérotonine, la dopamine, l’acétylcholine, le GABA et le glutamate. Jusque très récemment, on pensait qu’un type de neurone donné ne pouvait communiquer qu’avec un seul neurotransmetteur, à l’instar de deux personnes n’utilisant qu’une seule langue pour échanger.

Les scientifiques ont mis en évidence une propriété insoupçonnée de certains neurones qui seraient capables d’utiliser deux neurotransmetteurs différents pour se transmettre des informations. Ce « bilinguisme neuronal » constitue une véritable révolution dans la compréhension du fonctionnement cérébral. Salah el Mestikawy et son équipe étudient ce phénomène dans le cadre des troubles bipolaires et de l’addiction.

Le transporteur du glutamate impliqué dans les maladies psychiatriques

Les chercheurs s’intéressent plus particulièrement à un neurotransmetteur : le glutamate. Ils ont découvert que certains neurones pouvaient l’utiliser comme second neurotransmetteur et qu’il était transporté par une protéine appelée VGLUT3.

Plusieurs éléments ont poussé les chercheurs à s’intéresser aux rôles de VGLUT3 dans les troubles bipolaires et l’addiction. Au cours de précédentes recherches, la protéine VGLUT3 a ainsi été retrouvée au sein de neurones situés dans des zones cérébrales impliquées dans la régulation des réactions au stress, dans les désordres affectifs et dans l’addiction. De plus, les souris dont on bloquait VGLUT3 étaient plus sensibles à la cocaïne et au stress. Enfin, des formes mutées de VGLUT3 ont été retrouvées chez quelques patients atteints de maladies psychiatriques.

De la souris à l’homme

Le projet de Salah el Mestikawy et de son équipe se déroulera en deux phases. Dans un premier temps, chez des modèles de souris, les chercheurs vont s’intéresser aux fonctions et aux actions de VGLUT3 dans différents neurones au sein de deux régions cérébrales : le noyau accumbens (impliqué dans l’addiction) et l’hippocampe (impliqué dans la régulation de l’humeur). Ils vont ensuite s’intéresser aux différentes mutations que peut subir VGLUT 3 ainsi que leurs retentissements chez des patients présentant des maladies psychiatriques telles que l’addiction, le suicide et les troubles bipolaires.

Les résultats de ces travaux permettront une meilleure compréhension du fonctionnement cérébral et pourraient déboucher sur la mise au point de nouvelles thérapies pour ces pathologies psychiatriques.

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