Mis à jour le 30 avril 2024

Virus émergents : développer de nouvelles approches thérapeutiques

La menace mondiale des virus émergents

Comme le montre la pandémie de COVID-19 liée au coronavirus SARS-CoV-2, les populations humaines sont menacées par l’émergence de nouveaux virus, avec des conséquences potentiellement catastrophiques, aussi bien du point de vue de la santé publique que de l’économie.

Mettre au point de nouveaux traitements pour lutter contre ces virus émergents est donc devenu une priorité des chercheurs : c’est l’objectif que s’est fixé Marco Vignuzzi et son équipe.

Trois virus dans le viseur

Durant leur étude, les chercheurs s’intéressent plus particulièrement à trois virus.

Le premier est le virus du Chikungunya, un alphavirus transmis par le moustique. Il est à l’origine d’une maladie principalement caractérisée par une fièvre élevée et des douleurs articulaires invalidantes : chez environ 10 % des patients, ces douleurs peuvent durer des mois, voire des années !

Le deuxième est le virus Zika, dont le vecteur est aussi le moustique. Cet agent de la famille des flavivirus est responsable d’une maladie souvent asymptomatique mais potentiellement grave chez la femme enceinte (il peut entrainer diverses malformations fœtales).


Le troisième virus est l’entérovirus 71, qui appartient à la famille éponyme. L’entérovirus 71 est à l’origine du syndrome « pied-main-bouche », une infection bénigne caractérisée par l’émergence de vésicules sur les pieds, les mains et la bouche.  L’infection par l’entérovirus 71 peut être plus grave : il peut provoquer des éruptions cutanées, parfois accompagnées de complications neurologiques, cardiovasculaires et respiratoires.
Actuellement, il n’existe ni antiviral, ni vaccin contre ces virus. Il est donc essentiel de développer des stratégies innovantes pour les prendre en charge.

Les TIP, une thérapie originale

Dans ce cadre, Marco Vignuzzi et son équipe se penchent sur une approche originale : l’utilisation de « particules interférentes thérapeutiques » (TIP). Pour comprendre le fonctionnement des TIP, il faut revenir sur le mode de reproduction des virus.

Les virus ne sont pas capables de se multiplier par eux même : pour se reproduire, ils doivent infecter une cellule « hôte » et utiliser sa machinerie (ses protéines, ses enzymes…) afin de dupliquer leur matériel génétique et de construire leurs molécules de structure. Les TIP sont des versions naturellement « déficientes » des virus pathogènes : ils peuvent, à l’instar des virus dont ils dérivent, infecter les cellules et utiliser leur machinerie, mais sont inaptes à mener leur multiplication à terme. Administrés à des personnes malades, ces TIP entreraient en compétition avec les virus « normaux », détournant la machinerie cellulaire à leur profit et interférant avec l’infection. Les chercheurs pensent qu’ils pourraient freiner la progression d’une infection virale, voire la traiter.

Valider le potentiel de cette approche

Le projet mené par les chercheurs vise à valider cette approche thérapeutique au travers de plusieurs étapes. Tout d’abord, l’équipe sélectionnera des TIP apparentés aux trois virus cités précédemment (virus du Chikungunya, virus Zika et entérovirus 71).

Après avoir exploré leurs mécanismes d’action, les chercheurs testeront l’efficacité des TIP candidats les plus prometteurs in vitro, puis ensuite in vivo chez la souris et/ou les moustiques. Il s’agira également d’évaluer leur stabilité dans le temps car, à l’instar des virus « classiques », les TIP peuvent aussi évoluer, et donc perdre leur efficacité au cours du temps.

Cette approche innovante permettra de créer des outils essentiels dans la lutte contre les nouveaux agents pathogènes viraux et leur capacité à se propager rapidement dans le monde entier.

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