Lors de ce projet, les chercheurs se penchent sur des composés qui bloquent des protéines particulières au sein des cellules hôtes, les cyclophilines, qui sont nécessaires à la multiplication des coronavirus. « Nous travaillons plus particulièrement sur le repositionnement d’une molécule qui appartient aux inhibiteurs des cyclophilines : l’alisporivir », précise Jean-Michel Pawlotsky.
La stratégie de repositionnement d’un médicament vise à utiliser une molécule dont on connait déjà les effets et la toxicité, et que l’on teste pour traiter une pathologie autre que celle pour laquelle elle a été mise au point au départ. L’alisporivir a été développée dans le cadre de la lutte contre l’hépatite C. Cette molécule a déjà été administrée à plus de 2 000 patients dans des essais de phase 2 ou 3 où elle s'est avérée bien tolérée dans le cadre de cette pathologie. De plus, de précédentes expériences avaient montré un effet de l’alisporivir contre les virus respiratoires, dont certains coronavirus.
« Aujourd’hui, nous avons pu montrer que l’alisporivir avait une action contre le Sars-CoV2 en inhibant son cycle de vie au sein de cellules en culture infectées »,1 poursuit le chercheur. Avec le retour de nouveaux patients suite à la recrudescence de l’épidémie, l’équipe souhaite aujourd’hui initier un essai clinique en collaboration avec l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (APHP) pour tester l’efficacité de la molécule chez les malades. Ils attendent l’autorisation des autorités de santé pour lancer cet essai. « Nous souhaitons également continuer nos expériences sur des modèles qui reproduisent fidèlement les tissus respiratoires », conclut Abdelhakim Ahmed-Belkacem.