Mis à jour le 1 octobre 2020

Vaccination : mieux comprendre la mémoire immunitaire innée

  • La grande majorité des vaccins, pour être actifs toute la vie, doivent être ré-injectés.

  • Les mécanismes immunitaires à l’œuvre lors des primo-vaccinations et des rappels vaccinaux restent encore assez méconnus.

  • Les chercheurs s’intéressent plus particulièrement à l’un d’entre eux, en vue d’améliorer l’efficacité des vaccins.

Cette recherche est menée par Gaëlle Dzangué-Tchoupou, dans le groupe animé par Anne-Sophie Beignon au sein de l’unité mixte de recherche U1184 IMVA-HB/IDMIT dirigée par Roger Le Grand au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) à Fontenay-aux-Roses.

Vos dons en actions
150 000 €

Somme reçue par Gaëlle Dzangué-Tchoupou en 2018 pour un post-doctorat de 3 ans.

La question de la vaccination et des rappels

Un vaccin a pour but de prévenir la survenue d’une pathologie infectieuse chez un individu. À cette fin, la stratégie vaccinale consiste à inoculer à une personne en bonne santé un agent pathogène rendu inoffensif, ou simplement un fragment de celui-ci, pour que l’organisme apprenne à le reconnaître et développe des défenses immunitaires spécifiques.

Seulement, cette technique comporte une particularité. En effet, mis à part les vaccins contre la variole et la fièvre jaune qui protègent toute la vie après une seule injection, la plupart des vaccins nécessitent des « rappels », c’est-à-dire de nouvelles inoculations afin que la majorité des vaccinés répondent à la vaccination, assurant ainsi une couverture vaccinale suffisante (une immunité collective) et, qu’individuellement, chacun monte des réponses immunitaires protectrices. Les mécanismes moléculaires et cellulaires mis en jeu lors des primo-vaccinations et de ces rappels sont insuffisamment compris, et on ne sait pas prédire à l’avance combien de fois et quand revacciner. Ce sont ces mécanismes qui intéressent les chercheurs au cours de ce projet.

Des mécanismes encore inconnus dans l’immunité innée

Des mécanismes encore inconnus dans l’immunité innée

Les chercheurs se sont penchés sur les cellules de l’immunité innée, première ligne de défense de l’organisme contre les pathogènes. Ils ont étudié les réponses précoces développées par ces cellules suite à une vaccination : elles sont importantes dans l’activation et la modulation de la qualité de la mémoire immunitaire.

L’équipe s’est rendue compte que les réponses des cellules immunitaires innées étaient différentes entre la première vaccination et les rappels. Ainsi, longtemps après la primo-vaccination, les cellules innées s’avèrent être mieux équipées pour répondre à un rappel1. Cette observation est très étonnante puisque, selon un dogme, ces cellules sont dépourvues de « mémoire ». Si elles n’en avaient pas, elles devraient être identiques et se comporter de la même manière dans les deux cas !

Les chercheurs pensent que cette mémoire immunitaire « innée » pourrait être portée par les cellules « souches » et/ou les cellules dites « progénitrices hématopoïétiques » de la moelle osseuse. Ces cellules, à l’origine des cellules immunitaires sanguines, seraient capables de transmettre la mémoire des infections et des vaccinations passées aux cellules innées nouvellement formées pour les rendre plus efficaces contre un nouveau pathogène ou vaccin, même différent de l’infection ou de la vaccination initiale.

Elucider ces mécanismes pour améliorer les vaccins actuels

L’idée de ce projet est donc de mieux comprendre comment cette mémoire immunitaire innée se met en place et persiste. Les chercheurs utiliseront pour cela un modèle d’étude pré-clinique pertinent pour l’immunologie humaine, sur lequel seront étudiés les effets de différents vaccins, dont le BCG.

Cette étude pourrait apporter des pistes pour améliorer les vaccins. Par exemple, elle pourrait permettre d’optimiser le calendrier de vaccination en « profitant » de cette mémoire innée, en définissant quel vaccin injecter en premier et en déterminant combien de temps attendre avant la 2e injection.

Référence :
1.    Palgen et al, Scientific reports, 2018.


Les cookies permettent d’améliorer la diffusion de nos informations, de mieux gérer vos centres d’intérêt, d’établir des statistiques et d’évaluer les performances du site. En poursuivant votre navigation, vous en acceptez l’utilisation. Pour plus d’informations ou vous opposer à cette utilisation, rendez-vous sur cliquez ici.