Mis à jour le 12 mai 2023

Covid long : la persistance du virus dans l'organisme mieux comprise

  • Un consortium international a mis en évidence chez des patients atteints de Covid long des biomarqueurs sanguins montrant des anomalies immunitaires suggérant la persistance du Sars-Cov-2 dans les muqueuses.

  • Les chercheurs pensent que, chez certains patients, la réaction immunitaire développée contre le virus ne parvient pas à l’éliminer complètement de l’organisme ; il persisterait par la suite au sein des muqueuses.

  • Si ces résultats se confirment lors d’études ultérieures, ils pourraient déboucher sur de nouvelles modalités diagnostiques et thérapeutiques pour prendre en charge le Covid long.

Ces avancées ont été obtenues par une collaboration internationale, dont Jérôme Estaquier et son équipe « Physiopathologie de la mort cellulaire dans les relations hôtes pathogènes » de l’unité Inserm U1124 de l’Université Paris Cité. Les chercheurs ont travaillé étroitement avec Ricardo Silvestre de l’Université de Minho (Braga) au Portugal

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Financement accordé à Jérôme Estaquier dans le cadre de l’appel à projet conjoint ANR-FRM pour répondre à l’épidémie de Covid-19.

Un manque de moyens diagnostiques et des mécanismes méconnus

Le « Covid long », ou affection post-Covid, correspond à la présence, chez certains patients, de symptômes de la Covid-19 au-delà de 12 semaines. Ce trouble reste fréquent dans la population : on estime que 10 à 30 % des personnes ayant été infectées par le virus en cause, le Sars-Cov-2, développent un Covid long. Pour le moment, son diagnostic se fait sur les critères d’une persistance des symptômes dans le temps, sans élément biologique qui permette de le prendre en charge de manière précoce. De plus, on connait mal les mécanismes mis en place par les virus pour subsister dans l’organisme. 

Cette collaboration entre chercheurs internationaux a permis d’avancer sur le sujet. Les équipes ont mis en évidence chez des patients atteints de Covid long des altérations de la réponse immunitaire qui indiqueraient une persistance virale dans leurs muqueuses, et susceptibles d’être des biomarqueurs sanguins. 

Des biomarqueurs témoins d’une persistance virale dans les muqueuses

Pour cela, les chercheurs ont réalisé des analyses de sang chez 127 patients ayant contractés la COVID six mois plus tôt, et dont la moitié présentaient un Covid long. Ils se sont intéressés à certaines cellules immunitaires, les lymphocytes T CD8, en charge de la lutte contre les virus. Ils ont ainsi mis en évidence des biomarqueurs qui témoignent d’une plus faible présence des cellules immunitaires chargées d’éliminer les virus dans les muqueuses. 

Leur analyse a également révélé une augmentation des marqueurs des réponses immunitaires innées (reflétant la réponse immunitaire « immédiate » face à un agent étranger) et la présence d’anticorps spécifiques de type IgA (des molécules spécifiques de l’immunité dans les muqueuses) contre le virus. Ces deux éléments vont donc dans le sens d’une présence du Sars-Cov-2 dans les muqueuses des patients atteints de Covid long. 

Des particularités de la réponse immunitaires identifiées

En outre, une seconde partie de l’étude a permis de mieux caractériser la réponse immunitaire en début d’infection : les chercheurs ont ainsi montré qu’une réaction inflammatoire plus prononcée augmentait le risque de développer par la suite un Covid long. L’hypothèse des chercheurs est que, chez certains patients, le système immunitaire ne parviendrait pas à éliminer le virus en phase précoce de l’infection. Ce dernier s’installerait alors durablement dans les muqueuses : cela expliquerait la persistance des symptômes.

Si ces résultats se confirment, les biomarqueurs mis en évidence dans cette étude pourraient servir à l’avenir au diagnostic du Covid long. Ils ouvrent également des pistes pour développer des moyens de prise en charge innovants de la pathologie.

Source : Communiqué de presse Inserm ; Santa Cruz A et al. Post-acute sequelae of COVID-19 is characterized by diminished peripheral CD8+β7 integrin+ T cells and anti-SARS-CoV-2 IgA response. Nature Communications, avril 2023 [lien vers l’article].

Zoom sur le projet de recherche associé à cette découverte

COVID-I2A therapy – Mettre en évidence des biomarqueurs de sévérité pour élaborer une nouvelle approche thérapeutique dans la Covid-19

Le projet COVID-I2A therapy vise à mettre en évidence chez les patients des biomarqueurs prédictifs d'une inflammation sévère et de lésions au niveau des cellules pulmonaires. Il a également pour objectif de tester l’efficacité de nouveaux composés, en association avec une molécule immunomodulatrice d’intérêt, sur ces deux conséquences de l’infection, à savoir l’inflammation et les lésions cellulaires, ainsi que sur la réplication du virus.

Coordinateur du projet : Jérôme Estaquier. Responsable de l’équipe « Physiopathologie de la mort cellulaire dans les relations hôtes-pathogènes », Unité « Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs », Université Paris-Descartes

Une première découverte associé au projet

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