Traiter l’insuffisance cardiaque et l’infarctus du myocarde en stimulant la formation de nouveaux vaisseaux lymphatiques dans le muscle cardiaque : c’est l’une des voies thérapeutiques étudiées par Ebba Brakenhielm et son équipe de recherche au sein de l’unité 1906 (Inserm/université de Rouen) dirigée par le Pr Vincent Richard.
Le système lymphatique, composé de ganglions et de vaisseaux, participe à la fois à la défense immunitaire de l’organisme et au transport de fluides et solutés appelé la lymphe (liquide blanchâtre transporté par le système lymphatique) pour un retour vers la circulation sanguine. De nombreuses cellules immunitaires mais aussi des déchets cellulaires sont évacués du cœur via la lymphe. Après un infarctus du myocarde ou lors d’une insuffisance cardiaque, le réseau lymphatique comme le réseau sanguin subissent de fortes modifications de structure qui nuisent à l’efficacité de leur fonction de transport.
Les chercheurs rouennais ont découvert que l’altération du fonctionnement du réseau lymphatique conduit à la formation d’un œdème, gonflement d’un organe dû à l’accumulation de fluides à l’extérieur des vaisseaux sanguins, et à l’apparition d’une inflammation cardiaque chronique.
Pour y remédier, ils ont testé une nouvelle biothérapie : chez des rats ayant subi un infarctus du myocarde, ils ont injecté directement dans le cœur des microparticules biodégradables contenant une molécule favorisant la croissance des vaisseaux lymphatiques, le VEGF-C.
Le traitement accélère effectivement la repousse du système lymphatique, et surtout « améliore le drainage lymphatique du cœur en trois semaines. Il a comme effet direct une diminution de l’œdème et de l’inflammation menant à une amélioration de la fonction cardiaque », explique Ebba Brakenhielm.
Source : Circulation, 12 avril 2016.