Mis à jour le 1 janvier 2014

Infarctus du myocarde : comment limiter les lésions cardiaques

  • Lors d’un infarctus du myocarde, une artère irriguant le cœur est obstruée par un caillot, ce qui provoque la destruction des cellules cardiaques.

  • Le rétablissement brutal de la circulation sanguine dans les zones atteintes induit paradoxalement un processus qui majore les lésions tissulaires.

  • Michel Ovize et son équipe étudient une protéine, la cyclophiline D, qui serait à l’origine de ce phénomène afin de pouvoir développer un traitement permettant d’inhiber son action.

Cette recherche a été menée par le Pr Michel Ovize, responsable de l’équipe « Cardioprotection » du Laboratoire de Recherche en Cardiovasculaire, Métabolisme, Diabétologie et Nutrition de la Faculté de Médecine Rockefeller et l’Hôpital Louis Pradel du Groupement Hospitalier Lyon-Est.

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250 000 €

Le projet de Michel Ovize a été sélectionné par le Conseil scientifique de la Fondation pour la Recherche Médicale en 2012, qui lui a accordé un financement de 250 000 €.

Le phénomène de reperfusion

L'infarctus du myocarde est lié à l’obstruction d’une artère qui irrigue le cœur (artère coronaire) par un caillot. La zone privée de sang ne reçoit plus d’oxygène, ce qui induit une mort des cellules musculaires cardiaques, et cela de façon irrémédiable. Le traitement consiste à déboucher le plus rapidement possible l’artère concernée afin de rétablir une alimentation en oxygène optimale pour limiter au maximum la destruction cellulaire. Cette restauration de la circulation sanguine après un infarctus est appelée reperfusion.

L’apparition de lésions secondaires

L’apparition de lésions secondaires

Seulement, si la méthode permet de sauver les patients d’une issue fatale, la reperfusion provoque également des «dégâts collatéraux»: une certaine proportion de cellules cardiaques meurt, ce qui majore les lésions du cœur et porte préjudice à la qualité de vie des patients. Ce phénomène est au centre du projet mené par Michel Ovize et son équipe. Les chercheurs s’intéressent plus particulièrement à un constituant cellulaire, la mitochondrie, qui serait un acteur majeur dans ce processus.

L’importance des mitochondries

Les mitochondries sont des constituants présents dans toutes les cellules. Véritables «usines», elles ont pour principales fonctions de fournir l’énergie nécessaire au fonctionnement des cellules, en se servant de l’oxygène.  Leur rôle est d’autant plus important dans les cellules musculaires cardiaques qui ne sont jamais au repos et nécessitent un approvisionnement énergétique continu important. Lors de la reperfusion, les mitochondries des cellules cardiaques dysfonctionnent : au lieu de fournir de l’énergie, elles provoquent la mort des cellules en quelques minutes.

Une destruction initiée par le calcium

Une destruction initiée par le calcium

Michel Ovize et son équipe ont montré que la dysfonction des mitochondries était liée à l’accumulation d’un composé en son sein : le calcium. Ce dernier entre en très grande quantité dans la mitochondrie lors de la reperfusion. Une fois à l’intérieur, il entraîne la formation de « trous » dans la paroi des mitochondries, qui entrainent leur dysfonction à l’origine de la mort cellulaire.

Les chercheurs souhaitent aujourd’hui comprendre l’origine du calcium qui s’accumule dans la mitochondrie. Ils s’intéressent ainsi à une autre structure de la cellule, le réticulum endo-sarcoplasmique,  compartiment naturellement riche en calcium et impliqué dans la contraction musculaire. Lors du phénomène de reperfusion, un transfert de calcium se produirait de ce réticulum vers la mitochondrie. Michel Ovize et son équipe veulent explorer ce mécanisme de transit. Ils émettent l’hypothèse qu’une protéine mitochondriale, la cyclophiline D, pourrait participer à la régulation de ce transfert.

Affiner la compréhension du fonctionnement de la cyclophiline D

Pour confirmer cette hypothèse, ils vont bloquer la cyclophiline D chez un modèle de souris touché par un infarctus du myocarde. Puis, à l’aide de techniques de biologie moléculaire et cellulaire, ils vont observer les retentissements de cette inhibition sur la mortalité des cellules myocardiques suite à la reperfusion. Michel Ovize l’explique : « nous espérons, à terme, bloquer le passage du calcium vers la mitochondrie pour protéger les cellules cardiaques. Il s’agit d’un concept nouveau, c’est tout un pan de la recherche qui se dévoile actuellement ! »

Si leur hypothèse s’avère correcte, développer une molécule capable de bloquer la cyclophiline D pourrait s’avérer une voie intéressante pour limiter les lésions cardiaques qui font suite à un infarctus du myocarde.

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