Mis à jour le 14 juin 2021

Intelligence artificielle : mieux sélectionner les patients éligibles à une combinaison entre immunothérapie et radiothérapie anticancéreuse

  • L’immunothérapie, bien qu’elle ait permis de prendre en charge des cancers réputés incurables, n’est pas efficace pour tous les cancers.

  • Les chercheurs étudient la possibilité d’utiliser une combinaison entre immunothérapie et radiothérapie pour augmenter l’effet thérapeutique ; seulement, il n’est pas possible pour le moment de savoir à l’avance pour quel patient cette association est pertinente.

  • Par des techniques avancées d’analyse d’images, des chercheurs sont parvenus à faire un pas en ce sens en mettant au point un biomarqueur prédictif et non invasif de la réponse tumorale au traitement.

Cette découverte a été réalisée par le Pr Eric Deutsch et son équipe « Radiothérapie moléculaire » à l’Institut Gustave Roussy à Villejuif.

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400 000 €

Somme accordée à Eric Deutsch en 2016 dans le cadre de l’appel à projet « Imagerie Computationnelle » et qui a permis l’obtention de ces résultats.

Le fléau du cancer

Avec 388 000 cas diagnostiqués en 2018 dans l’hexagone, et 157 400 décès, le cancer reste encore et toujours un fléau. Les chercheurs ne relâchent pas leurs efforts pour développer de nouveaux traitements. L’arrivée de l’immunothérapie, thérapie exploitant les cellules immunitaires pour qu’elles s’attaquent aux cellules tumorales, a constitué une véritable révolution pour la prise en charge de la maladie. Seulement, cette voie de traitement n’est pas efficace pour l’ensemble des cancers. Les équipes ont donc souhaité améliorer cette approche.

Allier immunothérapie et radiothérapie pour un meilleur résultat

Les chercheurs se sont aperçu qu’un autre traitement couramment utilisé dans la prise en charge du cancer, la radiothérapie, stimulait les cellules immunitaires, en plus d’avoir un effet direct sur les cellules tumorales. La radiothérapie pourrait donc agir chez certains patients en synergie avec l’immunothérapie. Des équipes se sont penchées sur la mise au point d’outils permettant d’évaluer l’intérêt d’associer immunothérapie et radiothérapie chez les patients atteints de cancer, et de pouvoir prédire chez qui cette association thérapeutique est la plus pertinente.

La « signature radiomique »

Pour ce faire, les équipes se sont penchées sur une caractéristique inhérente à chaque tumeur : leur contenu en cellules immunitaires capables d’immunité antitumorale, les lymphocytes T CD8 (LT-CD8). L’hypothèse des chercheurs était la suivante : plus une tumeur contient de LT-CD8 et plus la prise en charge par une association radiothérapie/immunothérapie est efficace et pertinente. Afin de la valider, ils ont utilisé un score particulier dit « signature radiomique ».

La radiomique vise à extraire une information biologique (caractéristiques de tumeurs, composition cellulaire…) à partir d’examens d’imagerie, tout cela en utilisant une quantité considérable de données et des traitements informatiques adaptés.

Au cours de leur étude, les chercheurs ont souhaité évaluer, d’une part, si le score révélant la quantité de LT-CD8 dans la tumeur (« signature radiomique CD8 ») était associé à la réponse au traitement radiothérapie/immunothérapie, d’autre part, si ce score pouvait servir d’indicateur pour prédire l’évolution du cancer.

Un score prédictif prometteur

Leur étude portait sur les données cliniques issues de 94 patients atteints de formes avancées de cancer, présentant plusieurs lésions tumorales. Les signatures radiomiques CD8 étaient déterminées grâce à leurs examens de « tomodensitométrie », une technique avancée d’imagerie.

A l’issue de leur projet, les chercheurs ont montré que les lésions avec un score radiomique CD8 élevé au départ étaient associées à une réponse au traitement plus élevée, et à un meilleur pronostic.

Ces résultats montrent l’intérêt de se pencher sur la composition des tumeurs en lymphocytes T CD8 afin d’instaurer un traitement combinant immunothérapie et radiothérapie. Dans ce cadre, l’utilisation de la signature radiomique peut aider à sélectionner les patients les plus susceptibles de profiter de cette approche thérapeutique.

 

Source : Sun R, Sundahl N, Hecht M, et al. Radiomics to predict outcomes and abscopal response of patients with cancer treated with immunotherapy combined with radiotherapy using a validated signature of CD8 cells. Journal for ImmunoTherapy of Cancer 2020 ; 8:e001429. doi: 10.1136/jitc-2020-001429.

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