La grossesse est un moment de grande vulnérabilité de l’organisme face aux polluants. « Certains polluants de l’air traversent la barrière placentaire et passent de l’organisme de la mère à celui de l’enfant. Or, durant la vie fœtale, les cellules se multiplient et se différencient plus rapidement que les cellules adultes, ce qui leur confère une plus grande sensibilité aux polluants » explique Valérie Siroux, chercheuse dans l’équipe d’épidémiologie environnementale appliquée au développement et à la santé respiratoire à l’Institut pour l’Avancée des Biosciences de Grenoble. « Cela peut entraîner des conséquences sur le développement des systèmes nerveux, respiratoire, immunitaire… »
Il y a quelques années est née l’hypothèse de l’origine développementale de la santé et des maladies (ou DOHaD en anglais). L’idée est la suivante : les expositions environnementales subies durant la phase de développement peuvent avoir un impact sur la santé ultérieure, notamment via la régulation de mécanismes épigénétiques, des modifications chimiques présentes sur l’ADN qui induisent des changements dans la façon dont les gènes s’expriment. « De fait, l’organisme peut garder en mémoire une exposition précoce à des polluants, et en subir les conséquences durant toute la vie. Cette hypothèse résulte d’observations épidémiologiques faites depuis la fin des années 1980, qui montrent des associations entre un petit poids de naissance et l’apparition de maladies cardiovasculaires, respiratoires et de désordres métaboliques à l’âge adulte » raconte la chercheuse grenobloise.
Depuis, il a clairement été démontré que la pollution atmosphérique augmente le risque de petit poids à la naissance, et des études suggèrent que ces liens pourraient s’expliquer par des modifications épigénétiques. Il existe donc bien un lien entre pollution, petits poids de naissance et maladies cardiovasculaires ou métaboliques.