Le contact avec des agents extérieurs, qu’ils soient physiques, chimiques, infectieux, liés à des contaminants alimentaires, au stress ou encore au mode de vie, a un impact sur la santé. Ces expositions aux facteurs environnementaux, qui débutent dès la conception, se poursuivent in utero puis tout au long de la vie, sont à la base du concept d’« exposome ».

Ces facteurs environnementaux pourraient ainsi intervenir dans de nombreuses pathologies chroniques, dans les maladies neurodégénératives et dans l’apparition de certains cancers : cela explique pourquoi les chercheurs s’intéressent à leurs effets, ce qui pourrait aboutir à l’émergence de nouvelles politiques de prévention.

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L'impact des facteurs environnementaux en chiffres

Les facteurs environnementaux ont un grand impact sur la santé humaine : l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’ils sont à l’origine de 12,6 millions de décès par an. Pour l’Europe, l’organisme évalue qu’ils sont responsables d’au moins 15 % de la mortalité, soit environ 1,4 million de décès par an.

La pollution de l’air ambiant est un des facteurs pour lesquels l’impact est le plus connu. Ainsi, Santé Publique France attribue à la pollution aux particules fines 40 000 décès et 7 000 aux oxydes d’azote chaque année dans l’hexagone. Toujours en relation avec l’air, près de 2 millions de cas d’asthme chez l’enfant seraient dus à la présence de dioxyde d'azote liée au trafic.

Enfin, l’OMS estime que 25 % des pathologies chroniques dans le monde comme le cancer, les maladies respiratoires et cardiovasculaires, le diabète… peuvent être attribuées à des facteurs environnementaux et comportementaux.

#definition

Qu’est-ce que l’exposome ?

L’individu est, depuis sa conception puis tout le long de son existence, soumis à des facteurs environnementaux, qu’ils soient chimiques, physiques ou infectieux, mais également liés au stress, à l’alimentation, au mode de vie… Cette notion est à la base du concept d’ « exposome », qui inclut l’ensemble des expositions environnementales auxquelles on est soumis tout au long de la vie. Véritable pendant du « génome », qui désigne notre information génétique, l’exposome a un effet sur l’organisme.

Ainsi, les facteurs environnementaux sont de plus en plus souvent identifiés comme des acteurs de la survenue d’un très grand nombre de processus pathologiques. Leur effet varie selon la durée d’exposition, mais aussi selon le stade de la vie auquel l’individu est exposé, en particulier pendant la période péri-natale.

#effets

Les effets de l’exposome sont difficiles à évaluer

Les législations sont aujourd’hui strictes, et des seuils maximaux d’exposition existent pour les produits dont la susceptibilité à exercer un effet délétère est connu. Seulement, l’impact de l’ensemble des facteurs environnementaux sur la santé reste difficile à étudier.

Ainsi, si des produits pris individuellement en faible quantité peuvent ne pas avoir d’effet notable sur la santé, leur combinaison pourrait s’avérer néfaste : c’est ce qu’on appelle « l’effet cocktail ». Cet aspect est particulièrement difficile à appréhender par les chercheurs tant le nombre de facteurs auxquels nous sommes exposés, au quotidien et au cours de notre vie, est important.

Ensuite, il est nécessaire de déterminer à quel moment de la vie l’exposition à un facteur environnemental a eu lieu : c’est la notion de « fenêtre d’exposition ». Ainsi, certains d’entre eux peuvent avoir un impact fort lors du développement de l’enfant, mais beaucoup plus faible par la suite, ou vice-versa.

Autre exemple des limites de la recherche sur les facteurs environnementaux et la santé : la labilité des composants dans l’organisme. En effet, les composés sont dégradés au cours du temps par le corps, ce qui empêche leur détection par les chercheurs à un instant T : cela restreint les possibilités d’établir des liens de cause à effet.

Aujourd’hui, les recherches sur les expositions à des facteurs environnementaux sont menées sur des très grands groupes de personnes, des « cohortes », suivis sur un temps long afin de prendre en compte ces particularités.

#causes

Focus sur quelques facteurs environnementaux

Il existe une multitude de facteurs environnementaux qui exercent une influence sur la santé. En voici quelques exemples non exhaustifs.

Les composants de l’air

Les polluants contenus dans l’air constituent un facteur environnemental important de l’exposome : ils font partie des polluants dont les effets sont les plus connus des chercheurs.

Selon Santé Publique France, « on appelle pollution de l’air un ensemble de gaz et de particules en suspension présents dans l’air dont les niveaux de concentration varient en fonction des émissions et des conditions météorologiques, et qui sont nuisibles pour la santé et l’environnement ».

Les polluants en cause proviennent principalement de l’activité humaine. Selon le site du ministère des Solidarités et de la Santé, ils peuvent être de type chimique (ozone, dioxydes d’azote, métaux lourds type arsenic, composés organiques volatils comme le benzène, produits de combustion du bois, résidus de pesticides…), physique (particules fines) ou encore biologique (pollens et moisissures). Le ministère des Solidarités et de la Santé précise qu’à court terme, la pollution extérieure peut se traduire par des irritations oculaires ou des voies respiratoires, des crises d’asthme et une exacerbation de troubles cardiovasculaires et respiratoires.

Les polluants n’ont pas qu’une origine extérieure, il ne faut en effet pas oublier de mentionner la pollution de l’air « intérieur », issue des substances contenues dans les produits ménagers, la fumée du tabac, des matériaux de décoration, de la peinture… mais aussi la pollution liée aux moisissures, aux acariens, ou encore aux moyens de chauffage ou de cuisson. Le ministère des Solidarités et de la Santé précise sur une partie dédiée de son site que les polluants intérieurs peuvent avoir des effets sur la santé tels que l’apparition d’un asthme, d’allergies respiratoires, d’une irritation du nez et des voies respiratoires. Certaines substances peuvent même avoir un effet cancérigène.

L’impact des pesticides

L’agriculture fait appel à des produits qui peuvent avoir une action sur la santé. Outre les engrais comme les phosphates ou les nitrates, on peut par exemple citer les pesticides. Selon l’Inserm, les pesticides regroupent l’ « ensemble des produits utilisés pour lutter contre les espèces végétales indésirables et les organismes jugés nuisibles ». Si leur effet sur la santé au travers de l’alimentation est pour le moment difficile à établir, l’impact d’une exposition professionnelle à ces produits est aujourd’hui mieux compris.

Ainsi, une large étude française a établi un lien entre expositions professionnelle aux pesticides et plusieurs cancers du sang, le cancer de la prostate, la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et la bronchite chronique. L’étude montrait aussi une présomption de lien entre exposition aux pesticides in utero ou durant l’enfance et le risque de certains cancers.

Au même titre, les effets des fongicides, produits utilisés pour la lutte contre les champignons, sont aussi étudiés. Certains d’entre eux, comme le « SDHi » font actuellement l’objet de recherche par la communauté scientifique pour évaluer leur impact éventuel sur la santé humaine.

Zoom sur les perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens sont des substances ou des mélanges de substances qui altèrent les fonctions du système endocrinien, les organes qui possèdent une fonction de sécrétion d’hormones, et qui, de ce fait, ont des effets néfastes sur l’organisme d’un individu ou sur celui de sa descendance. Ils altèrent ainsi la production d’hormones, leur transport dans l’organisme, se substituent à elles ou encore bloquent leur action.

Cette classification est très large, puisqu’elle implique aussi bien certains pesticides que des plastifiants comme le tristement célèbre bisphénol A, interdit en France depuis 2015. Il pourrait y avoir des liens entre exposition à ces substances durant l’enfance et les troubles de la fertilité, du développement ou encore du métabolisme.

Les pollutions sonores et lumineuses

Autres facteurs environnementaux plus méconnus faisant partie de l’exposome : les pollutions sonores et lumineuses.

Dans un rapport de 2020, l’agence européenne pour l’environnement considérait la pollution sonore comme un problème d’envergure : elle est source d’inconforts, de troubles du sommeil et a un impact sur le système cardiovasculaire. Cette agence évaluait à 12 000 le nombre de décès prématurés (c’est-à-dire avant l’âge prévu par l’espérance de vie) par an et à 48 000 le cas de cardiopathies ischémiques liées à une exposition aux bruits à long terme. La pollution sonore influence aussi le développement de l’enfant en abaissant ses capacités d’apprentissage.

Pour la pollution lumineuse, l’Académie de Médecine a établi une synthèse en 2021. Elle souligne l’effet délétère de la lumière artificielle LED sur la rétine, et de la lumière artificielle durant la nuit sur l’horloge interne. Un chiffre important est mis en avant : « l’incidence de cancer du sein, 50 à 200 % plus élevée chez les infirmières exposées à la lumière la nuit, est rapportée à l’inhibition de la mélatonine, la privation de sommeil et la désynchronisation (NDLR : de l’horloge interne) ».

Outre ces données, des études ont également montré qu’une exposition anormale à la lumière altère les performances cognitives et induit des syndromes dépressifs. Les mécanismes en cause sont en cours d’investigation.

Les radiofréquences

Sujet ayant plus récemment émergé dans l’espace public : la question de la « pollution » représentée par les rayonnements électromagnétiques et leurs effets sur la santé. Le déploiement des technologies de communication sans fil (WIFI, 4 et 5G…) a rapidement fait émerger la problématique des effets des radiofréquences sur la santé.

Ainsi, selon le site du ministère de la Transition écologique, « les effets sanitaires observés à court terme dans le cas des radiofréquences sont des effets thermiques, c’est-à-dire une augmentation de la température des tissus. » Il ajoute : « concernant les effets sanitaires à long terme, aucun mécanisme biologique n'a été identifié prouvant leur existence de manière certaine. Néanmoins, des interrogations subsistent sur les effets à long terme pour des utilisateurs intensifs de téléphones mobiles (sur la base d’un risque accru de gliome, et un type de cancer malin du cerveau). C'est pour ces raisons que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les champs électromagnétiques en catégorie 2B : cancérigènes possibles. » Cela explique pourquoi des normes d’exposition ont été fixées par les autorités sanitaires dans le domaine de la téléphonie mobile, et ce aussi bien auprès du grand public que pour les personnes travaillant dans ce secteur (pose et entretien des antennes relai par exemple).

Plus largement, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’est penchée en 2018 sur une entité appelée « hypersensibilité électromagnétique », qui regroupe plusieurs symptômes que les individus touchés attribuent à l’exposition aux champs électromagnétiques. Leur conclusion était la suivante : « au final, en l'état actuel des connaissances, il n'existe pas de preuve expérimentale solide permettant d'établir un lien de causalité entre l'exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits par les personnes se déclarant électro-hypersensibles. » Les chercheurs continuent néanmoins leurs investigations sur le sujet afin de comprendre la cause des symptômes décrits par les personnes touchées.

Stress et facteurs psychosociaux

Si la notion de pollution vient tout de suite à l’esprit lorsque l’on parle d’effet de l’environnement sur la santé, il ne faut pas oublier un facteur de risque particulier représenté par les facteurs psychosociaux, comme le stress, l’alimentation déséquilibrée, la sédentarité...

Outre son impact dans la population adulte, les chercheurs s’intéressent également aux effets du stress chez la femme enceinte sur l’enfant à naître et sur les pathologies qu’il risque de développer par la suite.

#recherches-actuelles

Quels sont les enjeux de la recherche médicale ?

Face à cet état des lieux, il est aisé de comprendre la nécessité de poursuivre les recherches sur les impacts de l’environnement sur la santé : une thématique dont la FRM a fait un de ses axes prioritaires.

Pour les chercheurs, il faut pouvoir :

  • Identifier et caractériser les facteurs environnementaux exerçant une influence sur la santé ;
  • Acquérir une meilleure connaissance des effets des facteurs environnementaux sur l’organisme, aux niveaux cellulaire et moléculaire, et ce seuls ou combinés (effet cocktail) ;
  • Poursuivre l’exploration des impacts des facteurs environnementaux chez la femme enceinte et au cours du développement pour comprendre leur influence sur l’apparition ultérieure de maladies chez l’enfant au cours de sa vie ;
  • Développer des moyens de prévenir ces actions négatives de l’exposome et d’éclairer les politiques et le grand public sur ces questions.

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