Mis à jour le 26 septembre 2022

Cancer du sein hormonodépendant : mieux caractériser les cellules tumorales

  • Dans les cancers du sein hormonodépendants, c’est-à-dire sensibles à l’hormonothérapie, la chimiothérapie post-opératoire augmente les chances de guérison tandis que, lorsqu’elle est donnée avant la chirurgie, elle ne permet que rarement une diminution importante de la tumeur.

  • Les chercheurs pensent que cette différence d’efficacité est liée à la présence de cellules résiduelles ayant une sensibilité différente à la chimiothérapie et l’hormonothérapie.

  • Une meilleure caractérisation de ces cellules pourrait apporter de nouvelles pistes de prise en charge.

Ce projet est mené par Benjamin Verret dans l’équipe « Caractérisation moléculaire des cancers mammaires et gynécologiques » dirigée par Fabrice Andre à Gustave Roussy à Villejuif.

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Financement accordé en 2021 à Benjamin Verret pour une thèse sur 3 ans

Cancer du sein : le cancer le plus répandu chez les femmes

Le cancer du sein est très fréquent : en 2018, environ 58 500 nouveaux cas ont été diagnostiqués en France, pour plus de 12 100 décès la même année. Son pronostic dépend de nombreux facteurs, dont la biologie de la tumeur qui peut être évaluée en fonctions du type de molécules à la surface des cellules tumorales. Ces molécules de surface influencent la sensibilité des tumeurs au traitement : il est donc important de mieux les caractériser afin d’améliorer la prise en charge de la pathologie.

C’est ce que souhaite explorer Benjamin Verret au cours de ce projet. Il s’intéresse plus particulièrement à un type de cancer du sein : le cancer du sein dit « hormonodépendant », c’est-à-dire que les cellules tumorales présentent à leur surface des récepteurs hormonaux, représentant les trois quarts des cancers du sein.

Une chimiothérapie efficace après chirurgie

Dans le cancer hormonodépendant, les hormones féminines (œstrogènes et progestérone) stimulent la croissance des cellules tumorales. Elles sont sensibles à un type de traitement, l’hormonothérapie, mais beaucoup moins à la chimiothérapie.

Seulement, il existe un véritable paradoxe pour les cancers hormonodépendants. Classiquement, une chimiothérapie réalisée avant l’intervention visant à retirer les tissus cancéreux et avant l’hormonothérapie se montre peu efficace et ne permet que rarement une diminution de taille de la tumeur. En revanche, effectuée après le traitement, la chimiothérapie permet de réduire le risque de rechute, ce qui laisse à penser qu’elle aurait une action sur des cellules résiduelles de la tumeur.

Des cellules plus sensibles que d’autres

Récemment, des études génétiques ont montré que les tumeurs étaient hétérogènes, constituées de plusieurs sous-types de cellules ayant des caractéristiques propres, et pouvant donc être plus ou moins sensibles aux traitements. Les chercheurs pensent que, dans les cancers du sein hormonodépendants, la chimiothérapie agirait spécifiquement sur certains sous-types de cellules tumorales résistantes à l’hormonothérapie : cela expliquerait son efficacité dans la prévention de la récidive.

Des analyses à l’échelle cellulaire

L'évolution récente des technologies permet désormais d'analyser une par une les cellules composant une tumeur. L’objectif de ce projet est, via ces techniques, de mieux caractériser les sous-types de cellules cancéreuses, des points de vue génétiques et moléculaires. Pour ce faire, le chercheur s’appuiera sur des échantillons prélevés chez des patientes atteintes de cancer du sein hormonodépendants et traitées par chimiothérapie ou hormonothérapie préopératoire dans le cadre de 3 essais cliniques. Il s’agira ainsi de déterminer si la chimiothérapie et l'hormonothérapie agissent sur des sous-types cellulaires distincts.

Ces données pourraient ainsi montrer que la chimiothérapie cible spécifiquement certains sous-types de cellules tumorales porteuses de mutations de résistance à l'hormonothérapie : cela constituerait une avancée pour améliorer la prise en charge de patientes dans le futur.

Le projet en vidéo

#temoignage

« Plus des trois quarts des cancers du sein sont de type hormonodépendant : les cellules cancéreuses présentent des récepteurs aux hormones, qui stimulent la croissance des cellules tumorales et qui les rendent donc sensibles à un traitement de type hormonothérapie. En clinique, on constate dans ce type de cancers, ce qu’on appelle le paradoxe de la chimiothérapie : si la chimiothérapie est utilisée avant la chirurgie, et avant l’hormonothérapie, elle ne permet pas de réduire significativement la taille de la tumeur. Par contre, si la chimiothérapie est réalisée après, elle diminue sensiblement le risque de rechute. Notre objectif est de comprendre pourquoi. On sait déjà qu’il existe au sein d’une tumeur différentes sous-populations de cellules cancéreuses qui présentent des sensibilités distinctes aux différents anticancéreux, chimiothérapie et hormonothérapie. Notre hypothèse, c’est que la chimiothérapie cible spécifiquement des cellules porteuses de mutations de résistance à l’hormonothérapie, ce qui expliquerait son efficacité dans la prévention de la récidive. Pour vérifier cela, nous allons réaliser des analyses génomiques et protéomiques, à l’échelle uni-cellulaire, sur des échantillons de cancers du sein hormonodépendants qui auront été prélevés avant et après traitement par chimiothérapie ou hormonothérapie. »

Benjamin Verret

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