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Dans le cancer du côlon, les chercheurs savaient déjà que les pressions mécaniques exercées par les tumeurs sur les tissus sains avoisinants contribuaient à leur transformation tumorale et à la progression du cancer.
Dans un article publié en février 2022, ces mêmes chercheurs soutenus par la FRM ont mis en évidence la voie moléculaire en jeu, ainsi que l’existence probable de ce phénomène au sein d’autres tumeurs solides.
Cette avancée pourrait déboucher sur de nouvelles pistes thérapeutiques, non seulement pour le cancer du côlon mais aussi pour d’autres types de tumeurs.
Cette avancée a été obtenue par Emmanuel Farge et son équipe « Mécanique et génétique du développement embryonnaire et tumoral » à l’Institut Curie à Paris.
Financement accordé en 2015 (314 496 €) et en 2019 (342 000 €) à Emmanuel Farge pour une équipe labellisée FRM et qui a contribué à l’obtention de ces résultats.
Le développement d’une tumeur est lié à une accumulation d’erreurs, des « mutations », dans des gènes clés pour les cellules. Une seule mutation dans une cellule ne suffit pas à engendrer un processus de cancérisation. Mais des mutations successives dans des gènes qui contrôlent la division d’une cellule, sa spécialisation ou encore sa mort peuvent aboutir à sa prolifération anarchique. C’est cette multiplication anormale qui conduit peu à peu au développement d’un cancer.
Emmanuel Farge et son équipe se sont intéressés à un processus qui pourrait également entrainer une prolifération excessive des cellules, et ce indépendamment de l’apparition de mutations génétiques : les pressions mécaniques qu’elles subissent de l’extérieur. Lors de précédents travaux sur le cancer colorectal, les chercheurs avaient en effet observé que la forte multiplication des cellules tumorales créait des tensions sur les tissus environnants. Ces pressions exercées par la masse tumorale entrainaient une multiplication accrue des cellules saines et favorisaient le développement cancéreux.
Lors de cette étude, les chercheurs ont découvert in vivo que la protéine Ret, présente dans les cellules, est sensible aux pressions mécaniques et est impliquée dans ce processus. Ils ont alors bloqué son action à l’aide de molécules pharmacologiques chez des modèles animaux présentant une mutation génétique retrouvée dans 85 % des cancers du côlon chez l’homme : « cette inhibition provoque la diminution d’un facteur 2 du nombre de tumeurs digestives se développant spontanément au sein de ce modèle » explique Emmanuel Farge.
Ils ont ensuite poursuivi leurs investigations au sein de biopsies humaines de cancer du côlon : « nous y avons observé une augmentation de l‘activation de Ret, et ce en corrélation avec le stade de développement de la tumeur ».
Fait intéressant, les chercheurs se sont penchés sur l’activité de Ret au sein d’autres cancers : ils ont ainsi mis en évidence une hausse de l’activité de la protéine au sein d’une large variété de tumeurs comme dans les cancers du sein, du pancréas ou de l’ovaire. « Ce résultat indique un rôle potentiellement générique de la pression de la croissance tumorale sur l’augmentation de la progression cancéreuse, et ce pour la plupart des tumeurs solides humaines » conclut Emmanuel Farge.
Cette étude apporte ainsi des renseignements précieux sur la progression du cancer. Elle ouvre également de nouvelles pistes de traitement du cancer basées sur le blocage de ce processus mécanosensible physiopathologique.
Source : Nguyen Ho-Bouldoires H et al. Ret kinase-mediated mechanical induction of colon stem cells by tumor growth pressure stimulates cancer progression in vivo. Commun Biol 2022 ; 5, 137. https://doi.org/10.1038/s42003-022-03079-4.
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