Mis à jour le 18 octobre 2022

Cancer de la prostate : une meilleure compréhension des mécanismes impliquant le tissu adipeux environnants

  • Les facteurs impliqués dans l’apparition et la progression du cancer de la prostate font l’objet de toute l’attention des chercheurs.

  • Une équipe est parvenue à mieux caractériser la structure du tissu graisseux autour de la prostate, suspecté au cours de précédentes études de favoriser le développement tumoral.

  • Les résultats obtenus donnent des pistes sur les mécanismes moléculaires à l’œuvre dans le développement de ce cancer.

Cette avancée a été obtenue par David Estève, en post-doctorat dans l’équipe « Microenvironment, Cancer et Adipocytes » dirigée par Catherine Muller à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale de Toulouse.

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Financement accordé à David Estève en 2018 pour un postdoctorat

Mieux prendre en charge les cancers de la prostate

Avec 50 400 nouveaux cas recensés en 2015 en France, le cancer de la prostate est le cancer masculin le plus fréquent. Si son pronostic est globalement bon, 93 % des patients étant encore en vie 5 ans après le diagnostic de la maladie, certaines formes de cancers de la prostate restent difficiles à traiter. Les chercheurs souhaitent donc découvrir de nouvelles pistes thérapeutiques pour en améliorer la prise en charge.

L’équipe dans laquelle David Estève a réalisé ses travaux de recherches financés par la FRM étudie les facteurs qui interviennent dans la progression de la tumeur. L’équipe s’est ainsi penchée sur un élément original : le tissu adipeux périprostatique, c’est-à-dire le tissu graisseux situé autour de la prostate.

Focus sur le tissu adipeux autour de la prostate

La prostate est en effet entourée d’un tissu graisseux dont les caractéristiques et spécificités restent méconnues. Des études ont montré qu’il avait un rôle dit « paracrine » dans le cadre du cancer de la prostate, c’est-à-dire qu’il émet vers la prostate divers signaux, des molécules chimiques, qui stimulent la progression tumorale. D’autres travaux ont également établi un lien entre inflammation du tissu adipeux périprostatique et cancer de la prostate sévère.

Cela explique pourquoi les chercheurs ont souhaité mieux caractériser ce tissu afin d’ouvrir de nouvelles pistes pour expliquer les évènements dans lesquels il intervient lors des maladies de la prostate. David Estève et son équipe ont récemment obtenu des résultats intéressants : ils sont parvenus à mieux caractériser la structure du tissu graisseux autour de la prostate.

Des mécanismes liés à une faible oxygénation

Les chercheurs ont étudié le tissu adipeux périprostatique de 54 patients atteints de cancers de la prostate. Ils ont réalisé plusieurs analyses de biologie moléculaire et de génétique pour le caractériser. L’équipe a ainsi mis en évidence chez ces patients que le tissu adipeux périprostatique est plus faiblement vascularisé que le tissu graisseux situé à d’autres endroits du corps. Cette faible vascularisation induit un apport d’oxygène plus faible au niveau de ce tissu : on appelle ce phénomène « hypoxie ».

Une hypoxie aux effets multiples

Les chercheurs pensent que cette hypoxie est associée à un état inflammatoire du tissu, via le recrutement de certaines cellules immunitaires et de molécules particulières. Elle serait également à l’origine d’une augmentation de la densité de la matrice extracellulaire, le réseau de molécules qui lient et organisent les cellules en tissu. Cette « colle moléculaire », très abondante dans le tissu graisseux périprostatique, pourrait par différents mécanismes participer à la progression du cancer de la prostate.

Cette étude donne donc de nouvelles pistes pour expliquer le rôle du tissu adipeux périprostatique dans l’apparition et la progression du cancer de la prostate. Ces connaissances fondamentales, si elles se confirment, pourraient permettre d’identifier des cibles thérapeutiques à l’avenir.

Source : Roumiguié M, Estève D et al. Periprostatic Adipose Tissue Displays a Chronic Hypoxic State that Limits Its Expandability. The American Journal of Pathology, Vol. 192, No. 6, June 2022.

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