Mis à jour le 17 février 2021

Obésité : le vieillissement cellulaire du tissu adipeux impliqué dans certaines complications

  • L’obésité est source de complications parfois très sévères, notamment cardiovasculaires.

  • Des chercheurs ont montré que certaines cellules du tissu adipeux, les cellules dites « sénescentes », pourraient être impliquées dans le développement de désordres métaboliques chez des personnes atteintes de formes sévères d’obésité.

  • Lutter contre ces cellules sénescentes pourrait s’avérer une piste thérapeutique prometteuse pour limiter certaines pathologies liées à l’obésité.

Cette avancée a été obtenue par Karine Clément et son unité de recherche, Sorbonne Université/Inserm « Nutrition et obésités : approches systémiques », à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.

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Financement accordé à Karine Clément en 2012 dans le cadre du financement d’une équipe FRM.

L’obésité et ses complications

L’obésité constitue un véritable fléau : 650 millions de personnes en seraient atteintes autour du globe selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’obésité se définit par une accumulation anormale de graisse, ou du tissu adipeux, dans l’organisme.

Les complications qu’elle est susceptible d’engendrer sont le problème principal de la pathologie : maladies cardiovasculaires telles que l’hypertension artérielle, diabète de type 2, cancers, pathologies ostéoarticulaires…

Explorer les mécanismes impliqués dans les complications de l’obésité afin de développer des moyens de les prévenir constitue donc une priorité pour les chercheurs.

arine Clément et son équipe ont récemment fait des avancées en ce sens : les chercheurs ont mis en lumière un phénomène qui fait le lien entre l’obésité et certaines complications du métabolisme, c’est-à-dire touchant les réactions chimiques nécessaires à la vie de l’organisme.

Zoom sur des cellules très particulières

L’équipe s’est intéressée au vieillissement des cellules présentes dans le tissu adipeux, des cellules dites « sénescentes ». Ce terme désigne des cellules « vieillissantes » dont le fonctionnement biologique est modifié, avec des perturbations des sécrétions de molécules fabriquées par le tissu adipeux

En-effet, des recherches ont montré que les cellules sénescentes produisent des molécules ayant un rôle pro-inflammatoire chez les souris obèses. Cette inflammation intervient dans les complications développées lors de l’obésité. Les chercheurs ont ainsi exploré les liens possibles entre sénescence du tissu adipeux et apparition de complications métaboliques chez l’humain.

Une piste prometteuse pour éviter des complications liées à l’obésité

Leur étude a porté sur 227 personnes en « obésité sévère », une forme d’obésité mettant la vie du patient en danger et définie par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 40 en moyenne.  Les praticiens ont effectué des prélèvements de tissus adipeux chez des patients lors d’actes chirurgicaux qui visaient à réduire la contenance de l’estomac pour provoquer une sensation de satiété plus rapide (au cours de la chirurgie de l’obésité).

A l’aide d’études de biologie moléculaire et cellulaire, les chercheurs ont montré que les cellules sénescentes du tissu adipeux, présentes sous la peau des patients (sous-cutané), sécrétaient une plus forte quantité de molécules favorisant l’inflammation comparé aux cellules sénescentes des autres tissus. A noter, le taux de sénescence dans le tissu adipeux sous-cutané était corrélé à celui d’une protéine, la leptine sérique. Un élément intéressant, car la leptine a des actions non seulement sur la satiété mais aussi sur l’inflammation des cellules.

De plus, les personnes en situation d’obésité présentent un risque majeur de diabète de type 2, au cours duquel l’insuline n'est pas produite en quantité suffisante. Le taux de glucose augmente de façon anormale dans le sang, avec des conséquences délétères sur la santé.

Dans cette étude, les complications métaboliques, telles que le diabète de type 2 ou un taux de cholestérol sanguin trop élevé, étaient plus fréquentes chez les patients présentant une sénescence importante du tissu adipeux sous-cutané.

Ces résultats suggèrent donc que, dans le futur, utiliser des traitements visant à éliminer les cellules sénescentes pourraient être utiles pour limiter les complications métaboliques observées chez les personnes sévèrement obèses.

Source : Rouault C et al. Senescence-associated β-galactosidase in subcutaneous adipose tissue associates with altered glycaemic status and truncal fat in severe obesity. Diabetologia 2020.

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