L’infertilité touche de nombreuses personnes en France et dans le monde : elle constitue ainsi une problématique sociétale importante. Le parcours diagnostique visant à explorer ses causes est bien établi et permet d’en comprendre l’origine dans la majorité des cas. Toutes les formes d’infertilité ne sont cependant pas curables, ce qui explique la nécessité de développer des modalités de prise en charge innovantes.

#chiffres-cles

Les chiffres de l’infertilité

Infertilité - fécondation in vitro

Les problèmes d’infertilité sont très fréquents dans la population. L’Organisation mondiale de la Santé estime que 48 millions de couples et 186 millions de personnes sont touchés par l’infertilité dans le monde.

Selon l’Inserm, un couple sur 8 en France consulte en raison de difficultés à concevoir un enfant. Toujours selon le même organisme, 10 % des couples restent infertiles après 2 ans de tentatives. Enfin, l’Institut précise que « la moitié des femmes ne peuvent plus concevoir au-delà de 40 ans et la fonction de reproduction devient quasi nulle après 45 ans ».

#definition

Qu’est-ce que l’infertilité ?

Selon le site de l’Assurance Maladie, on parle d’infertilité d’un couple lorsqu’une grossesse n’est pas obtenue après 12 à 24 mois de rapports sexuels réguliers (2 à 3 fois par semaine) et sans contraception.

Le site précise que l’infertilité est liée à un problème féminin dans un tiers des cas, masculin pour un autre tiers, ou encore à un problème mixte. L’infertilité reste cependant inexpliquée dans 15 % des cas.

#diagnostic

Comment est fait le diagnostic ?

La consultation spécialisée

En premier lieu, une consultation spécialisée est organisée afin d’identifier des causes ou des facteurs de risque d’infertilité au sein du couple. Le praticien, via un interrogatoire poussé, s’intéressera notamment :

  • à l’âge,
  • à la fréquence des rapports sexuels,
  • aux antécédents médicaux du couple (problèmes gynécologiques ou testiculaires présents et passés),
  • à la présence de pathologies chroniques (diabète, certains cancers…) ou génétiques,
  • aux habitudes de vie (tabagisme, alcoolisme, consommation de drogues, exposition à la chaleur chez l’homme – un facteur qui influence la production des spermatozoïdes…),
  • aux facteurs de risque professionnels (exposition à des produits chimiques, à des radiations…).

Cet entretien est complété par un examen physique en vue de dépister des anomalies visibles de l’appareil reproductif.

Les examens complémentaires

Ensuite, plusieurs types d’examens complémentaires peuvent être entrepris.

Chez la femme, on peut par exemple procéder :

  • à une analyse des courbes de température sur deux mois qui permet de déterminer le rythme et la présence d’une ovulation,
  • à des dosages hormonaux dans le sang,
  • à l’hystérographie (examen radiographique utilisant un produit de contraste afin de vérifier que les trompes ne sont pas obstruées),
  • à l’échographie pelvienne (examen d’imagerie visant notamment à faire le bilan de la quantité d’ovocytes présents dans les ovaires, mais également à déceler certaines anomalies).

Chez l’homme, les praticiens ont en première intention recours au spermogramme ou spermocytogramme (voir encadré). Il s’agit d’analyser le sperme du patient en vue de caractériser le nombre, la mobilité et les anomalies de forme des spermatozoïdes.
Des analyses de sang peuvent aussi être effectuées en vue, comme chez la femme, de rechercher certains troubles hormonaux. Une biopsie testiculaire peut aussi être effectuée en vue de dépister d’éventuels dysfonctionnements. Si ces bilans sont infructueux, de plus amples investigations peuvent être entreprises (comme des tests génétiques, des examens post-coïtaux…).

Les anomalies révélées par le spermocytogramme

L’analyse du spermocytogramme peut déboucher sur plusieurs cas de figure :

  • L’oligospermie qui indique une quantité anormalement faible de spermatozoïdes.
  • La tératospermie qui désigne une grande proportion de spermatozoïdes de forme anormale.
  • L'asthénospermie qui qualifie un sperme comprenant des spermatozoïdes peu mobiles.
  • L’azoospermie qui correspond à une absence totale de spermatozoïdes.
#causes

Quelles sont les principales causes de l’infertilité ?

Si certaines formes d’infertilité restent inexpliquées, on peut néanmoins dégager les principales causes d’infertilité répertoriées chez l’homme et la femme.

Communes à la femme et l’homme

Plusieurs facteurs communs aux deux sexes peuvent affecter la fertilité :

  • l’âge (plus il est élevé, et plus la fertilité baisse chez l’homme comme chez la femme),
  • le tabagisme, l’alcoolisme et la consommation de drogues,
  • le surpoids et l’obésité,
  • le stress,
  • certains facteurs environnementaux, comme l’exposition aux pesticides, ou des traitements médicamenteux.

Chez la femme

L’infertilité féminine peut être liée à de multiples raisons. Voici les principales :

  • Des anomalies de l’ovulation. Parmi celles-ci, on peut par exemple aborder le « syndrome des ovaires polykystiques » : ici, un dérèglement hormonal induit une augmentation de la concentration de certaines hormones masculines dans le sang. Ces hormones entrainent des troubles de l’ovulation : elles bloquent la maturation des follicules dans les ovaires, qui s’y accumulent. Ce sont ces follicules immatures qui, lors des premières descriptions de la pathologie, ont été pris à tort pour des « kystes », d’où le nom de la maladie. D’autres anomalies d’ovulation peuvent aussi intervenir dans l’infertilité comme une ménopause précoce (telle que rencontrée lors de l’insuffisance ovarienne précoce).
  • Une obstruction des organes gynécologiques qui empêche la rencontre entre l’ovocyte et le spermatozoïde. Les trompes peuvent être touchées (on parle alors d’obstruction tubaire) ou encore le col de l’utérus.
  • Certaines malformations de l’appareil gynécologique peuvent aussi être en cause.
  • L’endométriose. Cette maladie résulte de la migration de tissu de la muqueuse utérine, l’endomètre, hors de l’utérus. Ces cellules peuvent ainsi se « greffer » sur d’autres organes génitaux, comme les ovaires ou le vagin, mais également au niveau des organes digestifs, urinaires voire, dans de rares cas, plus à distance. Cette maladie est aussi à l’origine d’un grand nombre de cas d’infertilité, notamment lorsque le tissu de l’endomètre perturbe le fonctionnement des ovaires. Pour en savoir plus sur cette maladie, vous pouvez vous rendre sur la partie du site dédiée à l’endométriose.

Chez l’homme

Plusieurs éléments peuvent aussi être à l’origine d’infertilité chez l’homme. Ici encore, de façon non exhaustive, on peut citer :

  • Des défauts dans les mécanismes de formation des spermatozoïdes à la suite d’anomalies génétiques ou physiologiques. On peut mentionner la cryptorchidie, ou ectopie testiculaire, c’est-à-dire à une mauvaise descente d’un ou des deux testicules dans la bourse lors du développement fœtal. Le testicule est alors soumis à une température plus élevée, qui empêche la formation normale des spermatozoïdes.
  • Des troubles hormonaux qui influencent la production de spermatozoïdes. Ainsi, certaines pathologies congénitales ou affections plus générales peuvent affecter, via des anomalies de la sécrétion d’hormones comme la testostérone, la production de spermatozoïdes.
  • Un obstacle « mécanique » à la sécrétion des spermatozoïdes, à la suite d’une intervention chirurgicale, d’une malformation…
  • Enfin, on peut aussi citer les dysfonctions érectiles ou d’éjaculation comme cause possible d’infertilité masculine.
#traitements

Quels sont les traitements de l’infertilité ?

La prise en charge de l’infertilité dépend naturellement de ses causes, ici encore très variables.

Les traitements

Il peut par exemple s’agir de changer ses habitudes de vie afin de modifier certains facteurs de risque, ce qui peut parfois s’avérer bénéfique.

Lorsque le problème est lié à une obstruction des organes de reproduction, une chirurgie peut être mise en place afin de rétablir les voies.

Chez la femme, des traitements hormonaux en vue de provoquer et de stimuler l’ovulation peuvent être également être prescrits. Le même type de thérapeutique peut également être indiqué chez l’homme en cas d’anomalies de cet ordre.

L’assistance médicale à la procréation (PMA)

En dernier recours, le couple peut avoir recours à l’assistance médicale à la procréation. Selon l’Agence de Biomédecine, 27 180 enfants sont nés suite à une procréation médicalement assistée en 2019.

Plusieurs voies sont possibles :

  • L’insémination artificielle ou « intra utérine » qui consiste à injecter des spermatozoïdes prélevés chez le patient directement dans la cavité utérine lors de la phase d’ovulation pour faciliter la fécondation.
  • La fécondation in vitro dans laquelle la fécondation des spermatozoïdes et des ovules est faite en laboratoire. Les embryons sont ensuite implantés dans l’utérus. Les gamètes proviennent soit du couple lui-même, soit d’un donneur ou d’une donneuse selon le type d’infertilité en cause.
#voies-recherche-prometteuses

Quelles sont les voies de recherche prometteuses dans l’infertilité ?

Les pistes de recherches suivies sont multiples.

Ainsi, les chercheurs souhaitent mieux comprendre les phénomènes moléculaires et cellulaires en jeu dans les infertilités féminines et masculines. Explorer ces aspects permettra d’en améliorer la prise en charge en développant des solutions adéquates et des traitements ciblés.

Les recherches se penchent aussi sur l’impact de l’environnement sur la fertilité. Ainsi, le rôle des polluants, des produits chimiques et des perturbateurs endocriniens est exploré en vue d’élaborer des politiques de santé publique adaptées.

Autre aspect dans la droite lignée de cette piste : mettre au point de nouvelles thérapies dans les infertilités.

Enfin, une quatrième voie réside dans l’amélioration des techniques d’assistance médicale à la procréation. Ainsi, il s’agit notamment de mieux identifier les gamètes les plus aptes à être utilisés dans les protocoles de procréation médicalement assistée.

Le point de vue du médecin

L'éclairage du Pr René Frydman, spécialiste de la reproduction et pionnier de l’assistance médicale à la procréation en France

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