Olivier Schwartz : Après des
études de Pharmacie, j’ai effectué une thèse de science en virologie, sur le
VIH, à l’Institut Pasteur. Je n’ai plus quitté ce lieu magnifique et inspirant,
et je suis depuis presque 20 ans directeur de l’Unité Virus et Immunité. Avec
mon équipe, notre expertise a beaucoup évolué et est maintenant située à la
frontière de l’immunologie et de la virologie.
Pourquoi
avez-vous choisi d’être chercheur ?
OS : J’ai choisi
ce métier pour la liberté qu’il procure, la possibilité d’élaborer des
hypothèses et de les tester ensuite. Tenter de mieux comprendre les mécanismes
du vivant est passionnant, surtout lorsqu’il s’agit d’améliorer la santé
humaine !
En quoi consistent vos recherches ?
OS : Nous
étudions les virus pathogènes pour l’homme. Depuis presque deux ans, nous
travaillons donc essentiellement sur le SARS-COV-2, ses mécanismes de multiplication,
de fusion, et la réaction du système immunitaire. Nous nous intéressons particulièrement
aux variants du SARS-CoV-2, pourquoi ont-ils émergé, pourquoi certains sont
plus transmissibles. Nous nous intéressons également
à l’efficacité des vaccins, leur capacité à neutraliser la multiplication
virale, la durée de leur effet protecteur.
Quel
objectif cherchez-vous à atteindre ?
OS : Les
objectifs sont de différents ordres. Tout d’abord, nous améliorons notre
connaissance des virus. Ensuite, nous appliquons
nos découvertes à des fins diagnostiques ou même thérapeutiques. Nous avons par
exemple mis au point des tests rapides qui nous permettent d’analyser
l’activité neutralisante de centaines d’échantillons, et nous collaborons avec
des équipes qui mettent au point des traitement, par exemple des anticorps
monoclonaux, pour sélectionner les plus efficaces. Enfin, nos collaborations
avec les cliniciens et virologistes hospitaliers nous permettent d’être au plus
près des patients.
En tant
que chercheur, quelle(s) difficulté(s) avez-vous rencontrée(s) et
comment les avez-vous surmontée(s) ?
OS : La recherche
nécessite beaucoup de collaborations. Il faut parfois vaincre des réticences
pour que les approches multidisciplinaires se mettent en place. Mais on arrive
très bien à établir ensuite des relations de confiance ! Obtenir des
financements est une part de plus en plus importante et difficile de nos
activités. Le soutien de la FRM que nous avons obtenu pour plusieurs années,
nous permet de nous consacrer plus à la science.
A
l’inverse, quel est votre meilleur souvenir en tant que chercheur ?
OS : Il y en a
beaucoup, et à toutes les étapes de la carrière de chercheur : la soutenance
de thèse, l’obtention d’un poste permanent, une observation inattendue qui mène
à une découverte, l’acceptation d’un article dans un « grand »
journal scientifique ou la prise d’un brevet, la communication de nos résultats
auprès de journalistes, pour partager nos connaissances avec le grand public
par exemple.
Qu’est-ce
qui, selon vous, permet de fédérer une équipe de recherche derrière un objectif
commun ?
OS : Une bonne
ambiance, une confiance réciproque, de l’enthousiasme partagé !
Quel(s)
conseil(s) donneriez-vous à un.e jeune chercheur.euse ?
OS : Ne pas
s’auto censurer, poser des questions, laisser son imagination vagabonder, et ne
pas procrastiner quand il s’agit de faire des expériences ! La curiosité
n’est pas un vilain défaut !
Quelqu’un ou quelque chose qui vous inspire et vous guide au quotidien ?
OS : Là aussi ,
il y en a tellement. Mais on peut citer les Rolling Stones et leur 562 morceaux
(le nombre est à verifier !)
Qu’est-ce que le soutien de la FRM vous a apporté ?
OS : La FRM joue
un rôle majeur dans nos recherches, grâce à son soutien sur le long-terme,
pendant plusieurs années. Le soutien financier nous permet de poser des
questions scientifiques ambitieuses sans avoir besoin de préciser tous les
trois mois où nous en sommes. La recherche est un travail de longue haleine. La
FRM nous permet de voir loin ! En un mot, un MERCI chaleureux à la FRM
pour son soutien.