« Nous devons tous faire le choix entre ce qui est juste et ce qui est facile. »
Cette sentence du vénérable Dumbledore – célèbre maître de Harry Potter – que Laurence Huc partage avec son fils résume parfaitement son engagement… On l’aura deviné, il ne cède en rien à la facilité.
Chercheuse et lanceuse d’alerte, toxicologue et philosophe de la biologie et de la médecine, membre de l’association Femmes & Sciences, elle mène une vie scientifique foisonnante, un questionnement permanent sur l’utilité de ses recherches pour la société et une démarche citoyenne en faveur de la préservation de la santé humaine. Elle se justifie : « Étudier les liens entre polluants et cancer m’a naturellement amenée à m’interroger sur le sens de mes recherches, sur la manière d’en faire bénéficier la société. Je ne pouvais pas en rester là après avoir montré, avec mon équipe, les effets toxiques sur le vivant de polluants qui bloquent la respiration cellulaire, dont certains fongicides (les SDHI). Des substances pourtant autorisées et dont l’usage a fortement augmenté au cours des dernières années ! » ajoute-t-elle d’une voix animée.
Science et humanité
Ainsi, en 2017, elle fait partie du groupe de scientifiques qui ont interpellé les pouvoirs publics sur ce sujet, puis ont signé une tribune dans le quotidien Libération. Pour investir ce champ d’investigation complexe, qui entremêle science, intérêts économiques, préservation de la santé humaine et de la biodiversité, Laurence Huc coordonne un réseau interdisciplinaire qui réunit aussi des chercheurs en sciences humaines et sociales et s’est elle-même formée à la philosophie des sciences.
Elle entame aujourd’hui un tournant dans sa carrière avec une double casquette, entre un laboratoire expérimental à Rennes et le reste de son équipe en sociologie des sciences, techniques et impact sur les sociétés, basé en Île-de-France. Son expertise est de plus en plus sollicitée. Son récent engagement ? Auprès de familles d’enfants atteints de cancers, en surnombre sur certains territoires. « Une relation très forte se noue. Si nous parvenons à expliquer ces concentrations de cas, je me sentirai vraiment utile », confie-t-elle.
Elle nous dévoile son secret pour parvenir à déconnecter de thèmes plutôt anxiogènes et oublier les pressions qu’elle subit : body karaté, randonnée en montagne et cinéphilie… L’assurance de poursuivre un chemin ardu, mais tellement juste !
- Propos recueillis par Catherine Brun -