A voir un impact concret chez les patients est le cap qui a toujours guidé Éloïse Grasset dans son parcours.
Après des études d’ingénieur en génie biologique, elle opte pour un doctorat et la recherche académique. « Pour la liberté dans le choix de son sujet et la possibilité de l’approfondir », justifie-t- elle. Sa curiosité aurait pu la mener vers n’importe quelle thématique, mais le cancer s’est imposé quand une personne de sa famille a été touchée. « Au cours de ma thèse, j’ai investigué les toutes premières étapes qui permettent à la tumeur de métastaser. Mais je voulais aller plus loin et découvrir comment il était possible de contrer les métastases une fois présentes. »
Lors de son postdoctorat aux États-Unis, elle débute ses études sur le cancer du sein triple négatif et découvre, dans un modèle préclinique, que les métastases associées à ce type de cancer n’ont pas la forme d’une masse tumorale mais sont constituées de nombreuses cellules individuelles hautement prolifératives. « Ces cellules isolées sont indétectables, ce qui est redoutable pour les patientes ! Je veux maintenant comprendre le rôle joué par une protéine, la vimentine, dans ce processus. »
La chercheuse ne cache pas son empathie pour les femmes, souvent jeunes, concernées par ce type de cancer très agressif. Elle n’hésite pas à les rencontrer, sur le terrain, au travers d’associations de patientes. Une démarche aussi indispensable, selon elle, que le fait de vulgariser son travail de scientifique. Une autre corde à l’arc d’Éloïse, lauréate de la finale azuréenne du concours « Ma thèse en 180 secondes », en 2014. « J’ai adoré cette expérience, commente-t-elle, il est important d’expliquer la manière dont la recherche se fait. »
La jeune chercheuse continue sur sa lancée en participant cette année à Octobre Rose. Elle s’investit également dans d’autres causes comme celle de la sensibilisation aux discriminations hommes-femmes au sein de son centre de recherche. « Le moment pour avoir un enfant, par exemple, reste une question délicate pour la majorité des chercheuses. Il faut encore avancer ! » Toute jeune maman, Éloïse Grasset est optimiste sur ce point.
En partageant son énergie et son enthousiasme sur tous ces fronts, elle garde en ligne de mire son objectif : décrocher un poste de chercheuse. « À ce titre, l’aide de la FRM est précieuse car ces trois ans de financement assuré donnent du temps pour développer son projet et se présenter plus sereinement aux concours de chercheur. » Avec succès, on le lui souhaite !
Propos recueillis par Catherine Brun