Les tumeurs rhabdoïdes se développent le plus souvent chez les nourrissons et dans la petite enfance et peuvent toucher différents organes, en particulier le rein, le foie et le cerveau. Les traitements font appel à la chirurgie, ainsi qu’à une chimiothérapie et une radiothérapie intensives. Parfois non applicables chez le nourrisson, ils ne sont efficaces que chez une minorité de patients et le pronostic reste très sombre, avec une survie à 5 ans de 20 % seulement et des séquelles très lourdes. Aussi le développement de nouveaux traitements est-il urgent.
Eliane Piaggio est une experte de l’immunothérapie, son champ d’investigation depuis une vingtaine d’années. Cette approche, qui consiste à stimuler la réponse immunitaire du patient pour éliminer la tumeur a récemment révolutionné la prise en charge de certains cancers. Néanmoins, jusqu’à présent, cette approche n’avait pas été testée dans les tumeurs rhabdoïdes, que l’on pensait « invisibles » pour le système immunitaire. Or des résultats récents de l’équipe montrent que ces tumeurs peuvent en réalité bien être détectées par les cellules immunitaires, offrant des perspectives nouvelles.
En étroite collaboration, les équipes de la chercheuse, du bio-informaticien Joshua Waterfall et de l’oncopédiatre Franck Bourdeaut, à l’institut Curie, ont développé des modèles de souris porteuses de tumeurs rhabdoïdes permettant d’évaluer l’effet de différentes immunothérapies et de les optimiser. Récemment, une stratégie combinant deux molécules thérapeutiques a prouvé son efficacité pour induire la disparition complète des tumeurs. La chercheuse souhaite maintenant décrypter les mécanismes de cette action, avec l’objectif ultime de proposer aux patients une stratégie innovante d’immunothérapie.