Un passion avant tout
Le comportement animal ? « Une passion qui a guidé tout mon parcours ! raconte Chantal Mathis. Au cours de mes études à l’université, je me suis spécialisée pour pouvoir faire un pont entre l’éthologie (l’étude des comportements animaux) et les neurosciences. Comprendre comment le cerveau produit les différences de comportement entre les individus au sein d’une même espèce ou entre les espèces me fascine. J’ai commencé à étudier la mémoire, qui influe sur le comportement, dans des modèles de souris. Cette thématique m’a happée. Je travaille davantage du côté des neurosciences, mais progresser dans la compréhension du comportement animal m’est très utile. »
Cette connaissance, elle la doit notamment à une formation complémentaire sur la communication avec le cheval. « Cela nécessite de sortir de notre point de vue de prédateur humain pour intégrer celui de la proie, évoque-t-elle. Cela m’a énormément enrichie, dans la manière d’aborder l’autre – animal ou humain d’ailleurs –, d’essayer de le comprendre sans jugement de valeur. Lorsque je rejoins mon cheval, quatre fois par semaine, j’entre en connexion avec lui. » Un moment privilégié dans un quotidien bien chargé.
L'émotion de la découverte
Son sens de l’écoute, Chantal Mathis le met au service de la direction de son équipe, dans une gestion participative. « Le consensus est important, chacun doit pouvoir s’exprimer et proposer ses solutions. » Elle partage volontiers ses compétences avec ses collègues, lors de formations sur l’éthique et le bien-être animal, mais aussi avec le grand public : « La Semaine du cerveau est une occasion que je ne rate jamais pour échanger sur cette boîte noire qu’est le cerveau, la manière de l’explorer et la question du respect animal. » Son métier ? Elle le voit comme un jeu d’échecs, dans lequel il faut avancer ses pions, en anticipant et en restant humble. « Avec un adversaire immense, la Nature ! Faire une découverte inattendue provoque alors une joie intense. »
La chercheuse mène aujourd’hui, avec deux autres équipes de recherche, un projet original qui lui tient à cœur. Il vise à expliquer la différence de vulnérabilité entre sexes féminin et masculin au tout début de la maladie d’Alzheimer. Elle s’enthousiasme : « Ces travaux devraient, je l’espère, contribuer à la médecine personnalisée, qui selon moi est l’avenir ! »
Propos recueillis par Catherine Brun