Son chemin n’était pas tout tracé. Médecine ? Une appendicite l’empêche de se présenter au concours ; ce sera finalement la biologie. Son laboratoire ferme ses portes pendant son doctorat à Bordeaux ? Le doctorant apprend la ténacité : il trouve un laboratoire pour terminer sa thèse. Son Graal porte un nom : l’Institut Pasteur. Fort de sa détermination, le jeune docteur en immunologie convainc alors Jean-Louis Virelizier de lui donner sa chance au sein de son unité d’immunologie virale à Pasteur. Jusqu’au récent décès de ce dernier, de la Covid-19, il a gardé des liens avec lui. Car ainsi avance Ali Amara, la gratitude comme seconde nature.
Il tient à citer ses pairs, qui ont forgé sa conception de la recherche : Dan Littman, immunologiste de renom aux côtés duquel il a travaillé durant un an à New York dans un laboratoire « scientifique de niveau exceptionnel » ; Félix Rey, pasteurien et virologue « de classe internationale, un puits de savoir, d’une modestie et d’une gentillesse extrêmes, qui m’a beaucoup inspiré et m’enrichit encore, à la fois humainement et intellectuellement » ; Hugues de Thé, immense médecin-chercheur en cancérologie qui l’a accueilli à Saint-Louis et lui a prodigué de précieux conseils pour lancer sa propre équipe.
Sans oublier la FRM, « à laquelle je serai toujours redevable de m’avoir soutenu à ce moment clé de mon parcours ». Il évoque son équipe avec chaleur, « un peu comme une deuxième famille », souhaitant ses collaborateurs « heureux, dans une bonne ambiance de travail ».
Derrière, perce un autre engagement. Touché par les paroles de ses sœurs, de ses amies et de ses filles, le chercheur est devenu un féministe convaincu, ravi qu’actuellement « les lignes bougent et que les valeurs d’égalité avancent enfin ! ». Dans un quotidien dont il déplore qu’il soit fait de trop d’administratif et de recherche permanente de financements, Ali Amara se ménage d’indispensables respirations : littérature, musique, art et sport.
Son ballon d’oxygène ? La nature. « Né dans les Cévennes, au milieu des châtaigniers et des girolles, c’est un besoin… épigénétique ! En marchant, l’esprit se pose, des idées apparaissent. Je crois à l’unité du monde, tout est connecté, il n’y a pas de hasard. »
Comment se projette-t-il dans les années à venir ? « Faire des découvertes, les partager et transférer les résultats vers les patients. » Des ambitions somme toute pasteuriennes.