L’équipe a tout
d’abord montré qu’il existait une corrélation entre une perte pondérale
observée 10 à 15 ans avant l’apparition des symptômes moteurs, et la
sévérité de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) : le décès est d’autant plus rapide que la perte de
poids est importante et brutale (elle peut être d’une vingtaine de kilos
en un an). Luc Dupuis précise : « Dans le cadre d’un essai clinique
réalisé avec nos collègues allemands de l’université d’Ulm, et qui vient
de se terminer, nous avons cherché à corriger cette perte pondérale
chez les patients via des approches nutritionnelles. L’analyse en cours
pourrait en confirmer le bénéfice sur la progression de la SLA et la
survie des patients. »
Les scientifiques ont par ailleurs orienté
leurs recherches vers l’exploration des mécanismes en cause. Ils ont
découvert qu’une petite partie profonde du cerveau, appelée hypothalamus
latéral, était à l’origine des désordres métaboliques observés.
« Grâce
à des souris modèles de la maladie, nous avons identifié une petite
population de neurones dans cette zone qui disparaît dans la SLA. Nos
tout derniers résultats, obtenus en collaboration avec l’équipe
allemande, confirment que ces mêmes neurones sont aussi impliqués dans
la pathologie humaine. Nous cherchons maintenant à reconstituer les
circuits auxquels ils appartiennent : il faut comprendre notamment s’ils
ont des connexions directes avec le cortex moteur, la zone
superficielle du cerveau où les motoneurones commencent à mourir,
signant le début de la maladie. » Ces découvertes confirment le lien
observé entre la maladie et les troubles métaboliques ; l’hypothalamus
est en effet (entre autres fonctions importantes) le centre de
régulation du métabolisme énergétique corporel.
Le second volet du
projet, qui va démarrer, sera consacré aux approches thérapeutiques :
«
Il s’agit de mettre au point une approche visant à produire, dans le
cerveau, la molécule normalement synthétisée par les neurones disparus
dans l’hypothalamus. Nous espérons ainsi proposer une stratégie
thérapeutique inédite pour prévenir la perte de poids et retarder les
symptômes de la maladie », conclut Luc Dupuis.
Source : Recherche & Santé N°159