Mis à jour le 21 avril 2020

Faut-il avoir peur du retour de la peste ?

 En 2019, au moins quatre personnes ont contracté la peste pulmonaire en Chine. Cette même maladie fut surnommée « mort noire » après avoir décimé l’Europe au milieu du XIVe siècle, faisant des dizaines de millions de morts. Ces cas chinois doivent-ils pour autant nous amener à des mesures sanitaires drastiques ?

En réalité, la peste n’a jamais disparu, et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) la considère comme une maladie ré-émergente. Entre 1990 et 2015, plus de 50 000 cas humains ont été déclarés en Afrique, Asie et Amériques, avec des foyers actifs à Madagascar et en République démocratique du Congo principalement. Même aux États-Unis, des cas sont régulièrement signalés. L’Europe est quant à elle épargnée, aucun cas n’ayant été signalé récemment. Les derniers cas Français remontent à 1945, en Corse.

Le diagnostic de la peste repose sur la détection du bacille Yersinia pestis dans des échantillons biologiques. Son traitement par des antibiotiques est parfaitement efficace s’il est adapté (certaines souches sont résistantes), et administré précocement. Il n’y a donc a priori pas lieu de s’inquiéter de la réapparition de cette maladie dans certaines régions du monde, à condition que des mesures de traitement et de prévention de la contagion soient mises en place par les pays concernés. Et que les voyageurs respectent les recommandations sanitaires dans les zones endémiques (éviter le contact avec des rongeurs, se protéger des piqûres de puce, consulter un médecin en cas de contact avec un malade pesteux qui tousse). 

La peste est une maladie infectieuse des rongeurs sauvages. Elle est transmise par l’intermédiaire de piqûres de puce. Elle est due à une bactérie très virulente : Yersinia pestis, du nom de son découvreur Alexandre Yersin en 1894. Chez l’être humain, il existe deux formes cliniques de la maladie.

  • La peste bubonique, contractée par piqûre de puce infectée, se traduit par un syndrome infectieux très sévère (fièvre, douleurs musculaires, fatigue, etc.) et par un bubon (inflammation du ganglion lymphatique proche de la piqûre). Sans traitement antibiotique, la peste bubonique est mortelle dans 50 à 70 % des cas par dissémination dans l’organisme et septicémie.
  • Lors de la dissémination dans l’organisme, la bactérie peut atteindre le poumon et provoquer une peste pulmonaire secondaire. À ce stade, la bactérie peut être transmise directement à une autre personne par la salive (toux) et provoquer une peste pulmonaire primaire. Lorsque les poumons sont atteints, l’infection est systématiquement mortelle si un traitement antibiotique n’est pas rapidement administré.


Avec Florent Sebbane, directeur de recherche au Centre d’infection et d‘immunité de Lille (Inserm, Institut Pasteur de Lille) et Javier Pizarro-Cerda (Institut Pasteur de Paris)

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