Quels impacts les changements de société ont eu sur notre santé mentale, ces 10-20 dernières années ?
L’incidence des troubles psychiatriques, en particulier les troubles anxieux et les troubles dépressifs ont augmenté ces dernières années. Et plus récemment, à cause du confinement lié au Covid, nous avons vu une nette recrudescence des urgences à l’hôpital, en particulier des jeunes entre 15 et 25 ans avec plus de troubles anxieux et dépressifs, et davantage de tentatives de suicide.
Plus largement, la santé mentale des Français a changé. Fatigue mentale, fatigue collective, fatigue démocratique : le mot « fatigue » a pris du poids.
Le burn-out est devenu un vrai sujet, même s’il n’est pas reconnu comme maladie psychiatrique. C’est pourtant une réalité sociologique. C’est une pathologie du travail, liée aux changements de société et probablement aussi au management, qui pose la question du sens du travail aujourd’hui. Par ailleurs, les métiers deviennent plus cognitifs, à charge mentale plus grande, les risques psychosociaux sont aujourd’hui plus importants que les risques physiques.
Et puis toutes les pathologies périnatales et de la puerpéralité sont devenus des sujets importants. La dépression du post-partum touche 5 à 10 % des femmes qui viennent d’accoucher. Dans nos pays développés, la première cause de mortalité post-accouchement, c’est le suicide maintenant.
Une psychiatre suédoise, Marie Asberg, pense avoir identifié une nouvelle entité psychiatrique. Lors du congrès de l’European college of neuropsychopharmacology à Vienne en 2022, elle dit avoir constaté une augmentation du nombre de personnes présentant un syndrome de l’épuisement mais différent du burn-out et de la dépression, qui se traduit par de la fatigue et des troubles cognitifs.