Interview Florence GUIBAL Responsable de l’analyse des programmes de recherche
Depuis plusieurs années, la FRM accorde une importance majeure à l’évaluation de son impact sur ses appels à projets, sur les soutiens qu’elle apporte à la communauté scientifique française. Comment y parvenez-vous ?
Florence Guibal : « Pour mesurer notre impact sur la recherche, nous répertorions toutes les publications scientifiques qui font état du soutien de la FRM. Notre veille bibliographique et les compte-rendus scientifiques que tous les chercheurs s’engagent à nous adresser chaque année nous fournissent les données nécessaires. En moyenne, nous recensons 1000 publications par an sur les projets soutenus par la FRM.
Au-delà de ces résultats tangibles, nous cherchons aussi à mesurer l’avancée des travaux en cours. Dans cette optique, des réunions entre lauréats et membres du comité de sélection, sont organisées à mi-parcours, sur une dizaine de projets par an. Les lauréats présentent alors les dernières avancées de leurs projets et cela permet de faire un point sur l’état des recherches, d’échanger et parfois de révéler de nouvelles pistes. C’est très constructif ! Enfin, les projets requièrent un temps très long avant d’aboutir, nous sommes donc en train d’élaborer des grilles d’objectifs à 1, 5 et 10 ans.
Entre l’émergence
d’une idée fondamentale et son application concrète pour la santé, il
peut en effet s’écouler plusieurs années. »
Au-delà du financement, quel soutien apportez-vous aux chercheurs ? Et pourquoi ?
F.G. : « Pour la première fois en 2019, nous avons proposé une formation managériale aux chefs d’équipe.
Les retours très positifs nous encouragent à développer ce type de soutien.
Nous réfléchissons pour l’avenir à d’autres ateliers portant par exemple sur la valorisation des travaux par les chercheurs : comment vulgariser l’information scientifique, comment s’adresser aux journalistes, aux donateurs… C’est en communiquant mieux sur les travaux, en expliquant ce qu’est la recherche notamment fondamentale, que la communauté scientifique pourra fédérer l’intérêt du public et accentuer sa mobilisation.
Dans la continuité de ces actions, un questionnaire portant sur les besoins des chercheurs a été adressé à tous ceux que nous avons soutenus de 2014 à nos jours. Leurs réponses nous ont notamment enseigné qu’ils souhaitaient participer à des congrès scientifiques, se rendre dans d’autres laboratoires par exemple pour y découvrir de nouveaux savoir-faire. Nous avons donc modifié rapidement nos appels à projets 2020 en conséquence : en plus du salaire versé aux jeunes chercheurs, une enveloppe mobilité leur sera accordée. Ils auront à disposition des fonds leur permettant par exemple d’aller nouer des collaborations ou d’apprendre une technique de pointe dans un autre laboratoire.
Nous nous
sommes enfin attelés à favoriser les échanges entre chercheurs et à
créer une vraie communauté, via la création d’une page Facebook dédiée
et l’organisation de réunions annuelles entre lauréats. Le partage
d’informations qui en résulte leur permet en effet d’enrichir leurs
réflexions, leurs pratiques, et de rebondir sur de nouvelles pistes. La
recherche a tout à y gagner. »
Quelles sont vos ambitions pour 2020 ?
F.G. : « Continuer nos actions sur toutes les pistes initiées ! Et plus concrètement : réfléchir à de nouvelles façons de répondre aux besoins des chercheurs, définir des objectifs pour mesurer l’avancée des projets de très long terme et faire vivre la communauté que nous avons créée. »