L’hérédité, pas seulement une question de gènes
Le doctorant fait ses armes dans un organisme modèle à une seule cellule, la levure de bière. Il étudie l’organisation de l’ADN et son lien avec l’expression des gènes. Et la question est de taille : la molécule d’ADN, longue de 1 centimètre environ, est condensée dans un noyau de cinq milliardièmes de millimètre cube. Or, cette architecture compactée doit néanmoins ménager un accès aux gènes pour les facteurs qui les transcrivent – première étape de la fabrication des protéines –, pour ceux qui réparent l’ADN endommagé, etc. Les expérimentations de Giacomo Cavalli lui permettent de décrire les ballets moléculaires à l’œuvre dans ces processus vitaux pour la cellule.
Le jeune chercheur poursuit sa formation en post-doctorat à Heidelberg, en Allemagne, et s’attelle à un modèle plus complexe, la mouche du vinaigre. Il montre alors qu’il est possible de modifier le devenir des cellules et de l’organisme entier par un stress (un simple choc de température).
Cette reprogrammation, qui passe par la modification du compactage de l’ADN, sans toucher à la séquence de l’ADN et des gènes, est pourtant héritable. Elle peut même être transmise à la descendance pendant plusieurs générations. Et, contrairement aux mutations de l’ADN, elle est réversible.