Pour arriver à une telle conclusion, ils ont suivi plus de 1 400 enfants vivant à Poitiers et Nancy, de la grossesse de leur mère jusqu’à leurs 8 ans. Concrètement, ils se sont intéressés au mode de garde principal utilisé pour les enfants lorsqu’ils avaient 4 mois, 8 mois, 1 an, 2 ans et 3 ans : mode de garde informel (principalement les parents et parfois les grands-parents ou les voisins…), assistante maternelle ou encore mode de garde collectif (garderie, crèche). Puis à 3 ans, 5 ans et demi et 8 ans, ils ont demandé aux mères de ces mêmes enfants de répondre à un questionnaire permettant de mesurer les symptômes comportementaux et émotionnels de leur enfant au moyen de 5 échelles différentes (symptômes émotionnels, problèmes relationnels, hyperactivité-inattention, problèmes de comportement, et comportement prosocial*).
Résultat : « L’accès
à un mode de garde collectif entre 0 et 3 ans représente une
opportunité pour les enfants : il est associé à un meilleur
développement psychologique et émotionnel par la suite », explique
Maria Melchior, chercheuse à l’Inserm qui a dirigé cette étude. Les
enfants qui sont passés par une crèche ou une garderie sont en effet
moins susceptibles que les autres de présenter des problèmes émotionnels
ou des difficultés relationnelles entre 3 et 8 ans. Ils ont par
ailleurs plus de comportements « prosociaux », c’est-à-dire d’empathie
et d’attention aux autres, que ceux qui n’ont pas été en crèche, une
aptitude importante pour le bien-être et la réussite à long terme. Ces
résultats doivent être confirmés à plus grande échelle. Par ailleurs,
une autre étude réalisée par des chercheurs de l’Institut national
d’études démographiques (Ined) a révélé récemment que « les enfants
gardés en crèche ou par une assistante maternelle ont acquis un
vocabulaire plus riche que ceux gardés par les parents ou les
grands-parents », ce qui souligne le rôle potentiellement bénéfique des
activités éducatives proposées par les professionnels de la petite
enfance.
Avec Maria Melchior, directrice de recherche Inserm à l’ERES (Équipe de recherche en épidémiologie sociale, Paris).