Pour arriver à ces résultats, les chercheurs se sont penchés sur une maladie rare, l’hypogonadisme hypogonadotrope, qui se caractérise par un retard pubertaire ou une absence de puberté à l’adolescence, à l’origine d’une infertilité. Grâce à des analyses génétiques réalisées au sein d’un groupe de 341 patients, ils ont trouvé des mutations spécifiques sur le gène NOS1 pouvant expliquer la maladie. Ce gène est indispensable à la synthèse d’une enzyme dont le rôle est de produire du monoxyde d’azote. Chez certains individus présentant des mutations dans ce gène, l’infertilité s’accompagnait de troubles cognitifs et sensoriels, à l’instar de ce qui est retrouvé chez certains enfants prématurés.
Les chercheurs ont par la suite développé des modèles animaux chez lesquels le gène NOS1 était inactivé par génie biologique. Ils ont ainsi observé, outre des altérations sensorielles et neurologiques, une exacerbation de la « minipuberté », un phénomène qui a lieu lors de la 1ère semaine après la naissance. Cette minipuberté constitue une étape essentielle, avant la « vraie » puberté à l'adolescence. Un élément qui a interpelé les scientifiques, car les nourrissons nés prématurément présentent fréquemment une minipuberté plus intense que la normale. De plus, on sait aujourd’hui que plus la prématurité est importante, plus le risque de complications sensorielles et cognitives à l’âge adulte est élevé.
Forts de ces constats, les chercheurs ont testé l’administration d’oxyde nitrique à leurs modèles animaux lors de la période de la minipuberté : ce traitement entrainait la disparition des problèmes de puberté et des anomalies neurologiques et sensorielles.
Devant ces résultats prometteurs, les chercheurs ont décidé de lancer un essai clinque chez des enfants prématurés pour regarder si le monoxyde d’azote permet d’avoir une minipuberté et une puberté normales, et de prévenir les complications sensorielles et intellectuelles éventuelles.
Ce projet a été soutenu par la FRM dès 2002 lors de la création de l’équipe de Vincent Prévot, aujourd’hui à la tête du laboratoire « Développement et plasticité de cerveau neuroendocrine » au Centre de recherche Jean-Pierre Aubert de Lille.