Responsable de l’Unité de recherche clinique du groupe hospitalier Saint-Louis-Lariboisière-Fernand-Widal et du Centre d’évaluation du dispositif médical de l’AP-HP (Paris).
OUI
Lorsqu’on réalise un essai clinique, même randomisé en double aveugle, il peut y avoir des biais au moment du recrutement des participants, qui pourraient ne pas être représentatifs de la population générale. Ces biais peuvent être dus à des critères d’inclusion trop restrictifs, par exemple l’introduction d’une limite d’âge ou l’exclusion d’une comorbidité , parce que l’on craint d’avoir trop d’effets secondaires, alors que les malades dans la population générale sont âgés et touchés par plusieurs pathologies. Des biais d’ordre sociologique ou géographique existent également, ou encore des sous-représentations de genre ou de groupe ethnique. Il est également plus facile d’inclure des personnes qui peuvent comprendre facilement l’objectif d’un essai clinique, ou qui habitent en ville à proximité du centre hospitalier participant à l’essai. Il existe également des biais inhérents au fait de participer à un essai. Il a été démontré que les personnes du groupe contrôle peuvent être mieux prises en charge que d’autres malades, tout simplement parce qu’elles bénéficient d’un suivi médical rapproché en lien avec l’essai. Tous ces biais, il faut en avoir conscience, et tenter d’une part de les supprimer en faisant évoluer les critères d’inclusion, et d’autre part d’en minimiser les conséquences grâce à des outils statistiques, pour que les résultats puissent être extrapolés à tous les malades. On peut aussi compléter les essais cliniques par des essais dits en conditions de vie réelle, une approche beaucoup plus pragmatique qui consiste à analyser les données générées à l’occasion des soins réalisés en pratique courante. Mais c’est plus compliqué à organiser, et en France nous n’avons pas la culture de ce type d’études.