Il existe aujourd’hui une multitude d’objets connectés et d’applications mobiles pour suivre son activité physique, son sommeil, son alimentation, sa tension artérielle, sa glycémie ou encore son poids.
En mars 2021, l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) a lancé la première expérimentation en France sur le cannabis dit « médical ». Mais s’agit-il vraiment d’un médicament comme les autres ?
Points de vue de deux experts.
Psychiatre et pharmacologue au CHU de Clermont-Ferrand et UMR Inserm 1107 sur la douleur, Président du Comité scientifique de l’ANSM sur l’expérimentation du cannabis à usage médical.
OUI
Dans cette expérimentation, nous utilisons des extraits de la plante de cannabis dits à large spectre : ils contiennent principalement deux types de phytocannabinoïdes *, THC et/ou CBD, à des concentrations précises et connues, mais aussi beaucoup d’autres molécules qui ne sont, elles, pas quantifiées. Il s’agit bien de cannabis médical : d’une part, tous les procédés de fabrication relèvent des bonnes pratiques de fabrication d’un médicament. D’autre part, ces extraits font l’objet d’une prescription par un professionnel de santé dans cinq indications médicales précises choisies sur la base d’études préexistantes qui ont apporté un niveau de preuve suffisant pour rendre pertinente la prescription de ces médicaments à base de cannabis : il s’agit de formes sévères d’épilepsie, de symptômes liés au cancer ou à ses traitements, de douleurs neuropathiques sévères, de douleurs liées à la sclérose en plaques ou d’autres maladies du système nerveux central, et enfin les situations de soins palliatifs. Pour autant, il faut bien comprendre que nous ne menons pas un essai clinique pour déterminer l’efficacité du cannabis médical, mais une expérimentation de politique publique 1.
Objectif : déterminer si et comment l’utilisation de ces produits dans un cadre médical pourra être généralisée. D’ailleurs, nous réfléchissons aussi en parallèle aux conditions nécessaires pour que la culture du cannabis médical et sa transformation en médicaments soient autorisées dans notre pays.
Directeur de l’équipe Endocannabinoïdes et neuro-adaptation au Neurocentre Magendie (Inserm, Université de Bordeaux)
OUI, MAIS...
Le cannabis est utilisé depuis des siècles et par de nombreuses cultures pour soulager divers symptômes. La question qui se pose à nous aujourd’hui est de savoir si c’est la plante elle-même, avec toute la complexité de molécules qu’elle contient, qui a une efficacité thérapeutique, ou s’il s’agit seulement de certains cannabinoïdes. Si tel est le cas, il va falloir déterminer quelle molécule, pour quel effet et dans quelle indication. Il ne s’agira plus de cannabis comme médicament, mais bien de cannabinoïdes thérapeutiques – qui peuvent être extraits de la plante ou bien synthétisés par voie chimique. C’est d’autant plus complexe que l’on a déjà montré que, pour certains cannabinoïdes, la relation entre la dose et l’effet n’est pas linéaire ni proportionnelle. Par exemple, chez la souris, selon la dose administrée, le THC peut stimuler ou bien ralentir la motricité, idem pour l’appétit ou l’anxiété. Par ailleurs, le cannabis peut avoir des effets individuels différents d’un patient à l’autre. Ainsi, l’expérimentation française va être très utile pour identifier les « types » de patients qui peuvent retirer le plus de bénéfices de ce traitement. Enfin, il ne faut pas négliger que le cannabis ou même les cannabinoïdes seuls peuvent avoir des effets indésirables. Ils augmentent par exemple le risque de psychoses à l’adolescence, provoquent des troubles de la mémoire et de la concentration et peuvent induire des effets moteurs comme la catalepsie **.
Il est donc nécessaire de continuer à mener des recherches précliniques et des études cliniques si l’on veut envisager une utilisation thérapeutique maîtrisée.
*Cannabinoïdes : substances chimiques produites par la plante de cannabis ou par voie synthétique et capables d’activer notamment les récepteurs du système endocannabinoïdal présent dans l’organisme humain.
** Catalepsie : difficulté et lenteur à initier un mouvement volontaire, associée à une rigidité posturale.
Il existe aujourd’hui une multitude d’objets connectés et d’applications mobiles pour suivre son activité physique, son sommeil, son alimentation, sa tension artérielle, sa glycémie ou encore son poids.
Des substances ne contenant aucun principe actif ou des chirurgies « fantômes » peuvent améliorer l’état de santé de certains malades. C’est ce qu’on appelle l’effet placebo. Largement étudié depuis de nombreuses années, il n’est aujourd’hui pas remis en cause.