Hervé Chneiweiss est Président du comité d’éthique de l’Inserm depuis 2013, directeur de l’unité de recherche Neuroscience Paris Seine, Président du Comité de la recherche de la FRM.
Pourquoi la FRM a fait le choix de soutenir de nombreuses pistes de recherche et comment les projets ont-ils été sélectionnés ?
Hervé Chneiweiss : « Le principe de la FRM est de soutenir les recherches fondamentales d’excellence sans a priori, de quoi générer l’indispensable socle de connaissances sur lequel s’appuie la démarche translationnelle. Pour contrer cette pandémie, il fallait des approches plurielles mêlant virologie fondamentale, immunologie, neurosciences, pneumologie ou épidémiologie. En multipliant les pistes explorées on augmente les chances de trouver des solutions !
Via un partenariat avec le consortium REACTing et l’ANR, les experts réunis par la FRM ont pu sélectionner les meilleurs projets parmi les dizaines déjà retenus par nos partenaires. Dans cette période d’urgence sanitaire, le pragmatisme nous a guidés, toujours en suivant les critères d’excellence, d’innovation scientifique et de retombées chers à la Fondation. Les projets les plus crédibles ont ainsi été désignés parce qu’ils étaient susceptibles de répondre à une question précise sur le court terme, mais aussi pour leur potentialité au long terme. »
Quelles retombées espérez-vous de ces 31 recherches soutenues par la FRM ?
H.C : « Plusieurs avancées issues des équipes soutenues ont déjà été publiées. Bien sûr, tous ces projets comportent une part de risque et d’échecs, inhérente à la recherche même. En revanche, positifs ou négatifs, les résultats seront à coup sûr riches d’enseignements pour l’épidémie encore en cours ou pour d’autres, futures, qui ne manqueront malheureusement pas d’arriver. »
Et pour l’avenir, quelle stratégie envisage la FRM en matière de virus émergents ?
H.C : « La FRM soutient depuis toujours la recherche dans ce domaine. Depuis 2009, 99 projets ont été financés, pour un montant de plus de 15 millions d’euros. Et avant même l’apparition de la Covid-19, la FRM a fait des pathologies émergentes l’un de ses axes prioritaires et l’histoire lui a donné raison quand on se remémore les dernières décennies : apparition du VIH,du SRAS, d’Ebola, de de Zika… A fin 2020, 93,7% des fonds collectés dans cette période d’urgence qui se poursuit ont été utilisés. 95,4% des dépenses ainsi engagées ont servi au financement de projets de recherche sur la Covid ou les virus émergents. Les fonds collectés non utilisés en 2020 le seront en 2021 pour soutenir des projets de recherche sur les virus émergents. Aujourd’hui, notre volonté est de réfléchir avec la communauté scientifique pour renforcer encore notre soutien à cette thématique et, surtout, mener ces actions dans la durée. »