Avec Jean-Charles Guéry, directeur de recherche Inserm, Centre de physiopathologie de Toulouse-Purpan (Inserm, université Toulouse-3, CNRS).
Non, et les données épidémiologiques le démontrent : avant l’âge de 10 ans, la prévalence de l’asthme allergique est plus importante chez les garçons que chez les filles.
Après la puberté, cette tendance s’inverse. Ainsi, chez l’adulte, cette maladie est deux fois plus fréquente chez les femmes, qui ont tendance à développer une forme plus sévère de la maladie. De quoi suspecter un lien entre le système immunitaire impliqué dans cette pathologie et les hormones sexuelles.
Jean-Charles Guéry et son équipe du Centre de physiopathologie de Toulouse-Purpan ont étudié l’impact des hormones sexuelles sur les cellules immunitaires impliquées dans l’asthme. Ils ont d’abord montré que les souris mâles développent un asthme allergique en réponse aux acariens moins sévère que les souris femelles. Ils ont observé que le nombre de cellules immunitaires lymphoïdes innées de type 2, des cellules impliquées dans le développement de la maladie, est moins important dans les poumons des souris mâles.
Ces différences entre mâles et femelles disparaissent lorsque les mâles sont castrés, ce qui suggère un rôle protecteur des hormones mâles comme la testostérone. Les cellules immunitaires ILC2 possèdent en effet un récepteur à la testostérone.
Les chercheurs toulousains ont ensuite montré in vitro que la testostérone inhibe les ILC2. À l’inverse, une molécule qui bloque l’activité de cette hormone stimule ces cellules. « Le récepteur aux hormones mâles pourrait donc représenter une nouvelle cible thérapeutique, dans le but d’inhiber l’action des cellules lymphoïdes innées de type 2 chez les patients asthmatiques. À moyen terme, cela pourrait devenir un traitement de l’asthme allergique chez l’être humain », estime Jean-Charles Guéry.
L’asthme concerne plus de 4 millions de personnes en France. Cette maladie complexe se caractérise principalement par une inflammation chronique des voies respiratoires et une hyper-réactivité des bronches. Les malades souffrent d’une gêne respiratoire qui s’aggrave lors des crises. Il s’agit d’une maladie multifactorielle dans laquelle l’allergie joue un rôle important : face à un allergène, le plus souvent présent dans l’environnement, le système immunitaire des patients réagit de façon excessive et déclenche une crise asthmatique.