Mis à jour le 22 octobre 2020

Stress post-traumatique : le contrôle de sa mémoire, clé de la résilience

Les attentats qui ont eu lieu à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015 n’ont pas seulement fait de nombreuses victimes. Ils ont aussi laissé des traces durables chez leurs familles, les survivants et toute la nation française.

C’est pour étudier ces conséquences, et plus particulièrement la construction d’une mémoire individuelle et collective de ces attentats, que le programme interdisciplinaire 13-Novembre a été mis sur pied.

Parmi les différents projets de recherche, l’étude 1000 s’intéresse à la construction et à l’évolution de la mémoire de ces attentats sur la base du suivi de mille personnes sur douze ans. Des victimes, des proches, mais aussi des habitants des quartiers parisiens ciblés et d’autres villes françaises participent ainsi régulièrement à des entretiens filmés.

Parmi ces participants, 102 ont aussi intégré le projet Remember.

Dans ce cadre, leur cerveau est scruté par IRM1 afin de comprendre pourquoi certains souffrent de stress post-traumatique et pas d’autres, et s’il existe des marqueurs cérébraux associés à une meilleure résistance face au trauma. « Nous nous intéressons aux facteurs de protection et de résilience face au traumatisme. C’est ce qui fait l’originalité de nos travaux par rapport aux études précédentes qui se focalisaient généralement sur l’impact des chocs traumatiques sur la mémoire et son dysfonctionnement », souligne Pierre Gagnepain, chercheur Inserm et responsable scientifique de Remember. Ainsi, d’après les premiers résultats de cette étude, les personnes résilientes sont davantage capables de contrôler des souvenirs intrusifs, c’est-à-dire involontaires, quels qu’ils soient.

C’est ce qui les protégerait contre le stress post-traumatique par rapport à des personnes qui n’arrivent pas à contrôler ces pensées intempestives. Le stress post-traumatique ne serait donc pas uniquement lié à un dysfonctionnement de la mémoire, mais également à un dysfonctionnement des mécanismes de contrôle de cette mémoire. De quoi envisager de nouvelles pistes thérapeutiques pour aider les victimes.

Aujourd’hui, tous les traitements impliquent de se confronter au traumatisme, ce qui n’est pas toujours évident pour les patients. Les chercheurs imaginent qu’au contraire, des tâches permettant de stimuler les mécanismes de suppression des souvenirs intrusifs faciliteraient leur prise en charge.


Source : Science, février 2020

#irm

*IRM : technique d’imagerie utilisant les propriétés de résonance magnétique nucléaire. Cet examen permet de visualiser avec une grande précision les organes et tissus mous dans différents plans de l’espace ou en 3 dimensions.

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