Les pays occidentaux ont enregistré des progrès spectaculaires en termes d’espérance et de qualité de vie durant ces quelque 20 à 30 ans. L’espérance de vie s’est accrue d’un an tous les 4 ans dont une bonne part est liée aux progrès en médecine cardiovasculaire, même si la baisse de la diminution de 50 % des morts cardiovasculaires en France n’est pas seulement redevable aux progrès thérapeutiques. Les maladies cardio-vasculaires sont et resteront la première cause de mortalité mondiale. Elles le resteront, parce que dans les pays émergents, ce sont les maladies cardio-vasculaires (accidents vasculaires cérébraux, coronaropathies et insuffisance cardiaque) qui demeurent la première cause de mortalité avant même les maladies infectieuses.
Le profil des maladies cardiovasculaires a par ailleurs changé du fait de la prise en charge précoce des coronaropathies. L’insuffisance cardiaque se substitue à la pathologie coronarienne. On parle aujourd’hui d’« épidémie d’insuffisance cardiaque » car les patients qui survivent à un infarctus brutal ou à une coronaropathie sévère développent fréquemment une insuffisance cardiaque avec le temps. La prévalence de certaines affections cardiaques est liée au vieillissement croissant de la population. Ainsi, l’arythmie complète par fibrillation auriculaire et l’insuffisance cardiaque congestive touchent près de 10 % de la population entre 80 et 90 ans.
Cet article se propose de faire un survol des principales avancées diagnostiques et thérapeutiques dans le domaine cardiovasculaire durant les 10 dernières années grâce à la recherche biomédicale particulière portée aux réalisations provenant d’équipes de recherche française.
Au risque de décevoir un grand public qui attendrait des progrès spectaculaires, tel le médicament qui va guérir l’athérome coronaire ou encore la découverte du gène de l’hypertension artérielle, du diabète, de l’infarctus ou de l’obésité, le progrès médical résulte le plus souvent de progrès discrets, modestes et continus. Il n’y a pas eu de saut paradigmatique, de grande « révolution » conceptuelle ou thérapeutique en pathologie cardiovasculaire durant la décennie précédente. Les progrès médicaux ne concernent pas seulement la thérapeutique, mais aussi le diagnostic, la génétique, l’imagerie médicale. La médecine se décline aujourd’hui en quatre « P » : elle se veut prédictive, préventive, de précision et participative. Elle va au-delà d’une médecine dite « réactive », réduite au traitement des symptômes. Nous verrons comment ces objectifs sont atteignables en médecine cardiovasculaire.
La recherche cardiovasculaire est adossée à l’avancée des connaissances fondamentales dans des domaines très divers : la biologie, certes, mais aussi les sciences exactes (physique, chimie, informatique et sciences numériques), les sciences humaines et sociales. Au cours des 10 ans passés, la cardiologie a bénéficié des progrès issus de la génétique, de la thérapie cellulaire et génique, des anticorps monoclonaux. L’informatique et les sciences numériques ont profondément bouleversé l’ensemble du paysage médical, dont celui de la médecine cardiovasculaire. C’est sous cette optique que nous envisagerons les progrès dans le diagnostic et le traitement des maladies du cœur et des vaisseaux.