Organe le plus volumineux du corps humain et siège d’une circulation sanguine intense, le foie est une véritable ruche d’activités métaboliques, correspondant à des fonctions de production (glucides, lipides, protides), de stockage (par exemple du glucose sous forme de glycogène), de biotransformation/épuration (médicaments) et de digestion (par l’intermédiaire des sels biliaires qui favorisent l’absorption des graisses). Mais ce colosse métabolique a des pieds d’argile du fait à la fois de sa forte exposition à des agresseurs extérieurs et des risques internes de dysfonctionnement de la myriade de réactions métaboliques qu’il héberge.
Les facteurs d’agression hépatique peuvent être acquis tels que l’alcool, les virus ou les médicaments. Ils peuvent être génétiques comme pour certaines jaunisses (ou ictères) ou pour la surcharge en fer de l’hémochromatose. Ils peuvent enfin être de nature mixte comme dans les atteintes auto-immunes.
Le retentissement hépatique de ces agressions dépend de leur intensité et de leur durée. Il est déterminé par la balance entre la destruction cellulaire hépatique (hépatocytaire) et le pouvoir de régénération cellulaire qui est une des grandes originalités du foie. Ainsi, trois grandes modalités évolutives sont possibles : la destruction cellulaire est « aiguë » mais modérée et suivie de régénération complète : c’est le cas de l’hépatite aiguë bénigne ; la destruction cellulaire aiguë est massive et suivie de régénération incomplète : c’est l’insuffisance hépatite aiguë grave (ou hépatite fulminante) ; la destruction cellulaire est chronique et la régénération partielle : c’est le cas de l’hépatite chronique avec développement d’une cicatrice fibreuse, appelée fibrose hépatique, dont le stade le plus sévère est une déstructuration complète du foie correspondant à l’état de cirrhose. Il est important de noter que la cirrhose représente en hépatologie le tournant évolutif critique. En effet, elle ouvre la voie à des complications de deux types : i) un dysfonctionnement grave du foie (avec par exemple survenue d’un épanchement liquidien abdominal appelée ascite) ; Ii) une cancérisation du foie. Notion importante : la séquence destruction cellulaire, fibrose, cirrhose, cancer peut être le fait de toute agression du foie ; c’est souligner que l’état de cirrhose dépasse très largement la seule notion d’une cause due à l’alcool : il existe ainsi des cirrhoses d’origine virale, graisseuse, médicamenteuse, auto-immune, ou par surcharge métallique.
L’hépatologie est la discipline médicale consacrée aux maladies du foie. Elle a pris son envol dans les années 1970 pour devenir un domaine de plus en plus autonome au sein de l’ensemble des maladies digestives (hépato-gastroentérologie).
Nous aborderons les grands thèmes qui illustrent les progrès dans la connaissance des maladies hépatiques et dans la prise en charge des malades et soulignent les grands enjeux de la recherche hépatologique.