Mis à jour le 1 mai 2014

Greffes : une nouvelle protéine pour favoriser la tolérance immunitaire

  • L’un des obstacles à la transplantation est le problème des rejets de greffes.

  • Afin d’éviter cet écueil, des traitements dits « immunosuppresseurs » existent, mais leurs effets secondaires restent très importants.

  • Les équipes des Drs Bernard Vanhove et Sophie Brouard ont découvert que le blocage d’une protéine à la surface des cellules du système immunitaire favoriserait la tolérance de l’organisme face au greffon.

Cette découverte est le fruit du travail de Bernard Vanhove, co-responsable de l'équipe "Modèles de xénotransplantation et allotransplantation sur grands animaux et nouvelle approche du blocage de la costimulation", et de Sophie Brouard, co-responsable de l'équipe "Régulation lymphocytaire et tolérance" au Centre de Recherche en Transplantation et Immunologie de Nantes.

Vos dons en actions
785 000 €

Le projet de Bernard Vanhove a été sélectionné en 2008 et en 2013 par le Conseil scientifique de la Fondation pour la Recherche Médicale.

Un financement total de 785 500 € a été accordé au chercheur pour mener son projet à bien.

L’immunosuppression : des effets secondaires importants

Un immunosuppresseur est une molécule qui a pour but d’atténuer la réaction immunitaire. La greffe d’organe allogénique (lorsque le donneur est différent du receveur) nécessite l’emploi de ce traitement à vie. Il permet de réduire de manière importante la réaction immunitaire du patient, le rendant plus tolérant vis-à-vis du greffon et évitant ainsi son rejet. Malheureusement, si ces traitements sont efficaces, leurs effets secondaires sont sérieux : risques augmentés de développer des infections ou des tumeurs, toxicité envers différents organes (foie, reins…), hypertension artérielle, dérèglements gastro-intestinaux… Aussi, il est important de mettre au point de nouvelles thérapies capables de maintenir cette tolérance du système immunitaire envers le greffon tout en réduisant les effets secondaires. Les Drs Bernard Vanhove et Sophie Brouard explorent cette thématique au sein du Centre de recherche en transplantation et immunologie à Nantes.

Les lymphocytes T régulateurs ciblés

Les lymphocytes T régulateurs ciblés

Les chercheurs s’intéressent à des cellules du système immunitaire appelées les lymphocytes T régulateurs. Comme leur nom l’indique, elles ont pour action de moduler la réaction immunitaire : elles empêchent le système immunitaire de se retourner contre l’organisme en diminuant son activité.

C’est cette propriété qui intéresse les chercheurs, leur but étant de l’utiliser afin d’empêcher le développement d’une réaction immunitaire contre le greffon.

Bloquer une protéine rend le système immunitaire tolérant

Lors de travaux précédents, les chercheurs ont découvert que lorsque l’on bloque une protéine, CD127, qui est située en surface des lymphocytes, les lymphocytes T effecteurs s’affaiblissent alors que les régulateurs deviennent plus efficaces. La réaction immunitaire est alors atténuée. Les chercheurs ont testé cette technique chez des souris greffées non traitées par immunosuppresseurs : cette approche a permis de diminuer le phénomène de rejet et d’augmenter la durée de vie du greffon.

Vers le développement d’un médicament candidat

Le projet financé par la Fondation pour la Recherche Médicale vise à poursuivre ces investigations sur le blocage de CD127. Tout d’abord, il s’agira d’observer son retentissement sur le système immunitaire en général. Les chercheurs utiliseront deux modèles animaux dont le système immunitaire est proche de celui des humains : la souris « humanisée » (modèle comprenant des gènes humains) et le primate. Lors d’une deuxième phase, ils étudieront l’effet de l’inhibition de CD127 chez le primate ayant subi une greffe rénale. Enfin, ils développeront un anticorps visant à bloquer CD127 spécifique à l’homme en vue de l’utiliser ultérieurement lors d’un essai clinique. Ce médicament-candidat sera testé chez un babouin à la suite d’une greffe rénale.

Ce projet est en continuité avec un premier travail sur le rejet de greffe et la tolérance immunitaire également financé par la Fondation pour la Recherche Médicale. Il pourrait déboucher sur la mise au point d’une thérapie innovante et améliorant la qualité de vie des patients.

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